La résurrection des manifs de lycéens après la Toussaint, il faut s’y attendre et il faut s’y préparer.
Il faut s’y attendre puisqu’ils y sont incités du sein même de la majorité par l’immense Jean-Vincent Placé, qui exhorte les bac moins 1, 2 et 3 à entrer en lutte dans la rue contre son propre gouvernement.
Les Verts ne seront pas les seuls à les haranguer. Donneront également de la voix Mélenchon, Besancenot, et le parti communiste. On ne peut pas prévoir ce que fera la première dame.
Ils y seront puissamment appelés par les syndicats lycéens, qui n’ont même pas l’apparence de la représentativité.
Si on ne peut pas prévoir l’amplitude et la durée exactes de ces manifs, on sait déjà avec certitude qu’elles ne serviront pas de détonateur à un mouvement de masse. Il n’y a guère que François Hollande pour en avoir peur et pour leur faire d’avance des concessions qui les pousseront à la surenchère.
Le pays, lui, est massivement hostile aux objectifs des manifs : 1° que tous les enfants présents sur le sol français soient scolarisés et; 2° qu’on ne puisse pas expulser les enfants scolarisés et 3° qu’on ne puisse pas expulser leurs familles non plus.
Faut-il pour le moins saluer cet élan de générosité juvénile ? Est-ce là le rôle d’adultes qui n’ont pas honte de l’être devenus, adultes ?
Non, pour deux raisons.
La première raison de ne point flatter la grandeur d’âme de ces manifestants est qu’il n’y a rien de généreux à se montrer généreux avec l’argent des autres. Celui des contribuables.
La seconde est qu’on ne doit pas flatter le réflexe pavlovien qui depuis mai 68 fait descendre régulièrement de joyeuses bandes de lycéens dans la rue sous des prétextes aussi variés qu’irréfléchis et discutables.
Avant que ces lycéens aillent participer au rite festif – et même jouissif pour certains – qu’est une manif, leurs profs ne devraient-ils pas leur indiquer, en quelques minutes d’instruction civique, les bonnes raisons pour lesquelles ils n’ont pas encore le droit de voter ?
Ne devraient-ils pas les faire s’interroger sur les effets prévisibles de leurs « exigences »?
Sur ce point, je propose de faire participer les élèves à ce petit exercice.
« À votre avis, quels seraient les résultats des élections en France si les électeurs n’avaient le choix qu’entre, d’une part, un parti reprenant à son compte les exigences des manifestants lycéens et proposant d’ouvrir le pays avec tous ses droits sociaux à tous ceux qui souhaitent s’y installer, et, d’autre part, un parti refusant toute forme d’immigration? »
Suspendre les réflexes pour permettre aux élèves de se déterminer en connaissance de cause, ne serait-ce pas un peu la mission du lycée ?
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