« Je suis antisémite et j’assume ». La fille de Raquel Garrido et d’Alexis Corbière a été placée en garde à vue pour apologie du terrorisme. Le comble, c’est que ses parents s’étaient plutôt éloignés des positions les plus islamo-gauchistes de la France Insoumise. Zola, reviens !
Inès, âgée de 21 ans, fille des députés de la France insoumise Alexis Corbière et Raquel Garrido, est visée par une enquête pour « apologie du terrorisme et provocation publique et directe non suivie d’effet de commettre des atteintes volontaires à la vie. » En octobre dernier, après l’attaque terroriste du Hamas contre Israël, un compte qui diffusait des messages à caractère antisémite (ils furent hélas légion) a été repéré sur le réseau social X.
Aller casser du sioniste
Sous un article consacré à la prise en otage d’une famille israélienne, raflée sauvagement au sein même de son foyer par les terroristes du Hamas, ce compte répondant au nom de « Babynesou » commentait : « Alors je n’ai peut-être pas d’âme mais ils me font pas du tout de peine, je les trouve plutôt chiants, surtout les gosses. » À l’annonce de la marche parisienne organisée en solidarité avec Israël, « Babynesou » écrivait encore : « Qui se chauffe pour aller casser du sioniste là ? » Ces publications odieuses ont été relayées et dénoncées par le militant Damien Rieu qui a désigné comme l’utilisatrice du compte, photos à l’appui, Inès Corbière, inconnue jusqu’alors des services de police. Dans la foulée, des associations anti-discrimination, dont l’Organisation juive européenne (OJE), ont déposé plainte contre X pour « apologie du terrorisme », réclamant l’identification formelle de cette internaute ainsi que des poursuites judiciaires. Quelques semaines plus tard, le 14 novembre, c’est une vidéo maintes fois relayée sur les réseaux sociaux qui a jeté un nouveau trouble. On y voyait une jeune femme, face caméra, vociférant : « Je suis antisémite, je m’en bats les couilles. J’assume ! » Interpellée au domicile familial, mardi 16 janvier, après perquisition de celui-ci, et placée en garde à vue dans les locaux de la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP), Inès Corbière est ressortie libre, mercredi, sans poursuite judiciaire. « À ce stade, les investigations se poursuivent » a simplement commenté le parquet de Paris. Une enquête préliminaire a été ouverte.
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Jeudi 18 janvier, Raquel Garrido et Alexis Corbière sont sortis du silence via un communiqué. Il convient de souligner la pudeur et la sobriété de celui-ci : « Nous voulons tout d’abord exprimer avec émotion notre compréhension et affection auprès de toutes les personnes choquées à la lecture ou à l’écoute des propos ou expressions qui sont diffusées dans cette affaire », assurent-ils en préambule. S’ils déplorent ensuite que l’enquête, pourtant soumise au secret, n’ait pas été protégée, ils n’en affirment pas moins devoir, parce que « personnalités politiques de premier plan », « des obligations de rendu de compte. » S’ils réclament que la vie privée comme l’intégrité physique et morale de leurs enfants soient préservées, les députés sont aussi très clairs : « (…) Elle (Inès), doit répondre des expressions qui lui ont été imputées par M. Rieu, comme tout justiciable devant la justice. Elle ne jouit à cet égard, d’aucun privilège ni passe-droit. Nous respectons la procédure en cours. » Ils assurent également : « L’apologie du terrorisme, à savoir l’expression d’un jugement favorable au terrorisme, est un délit qui, tout comme la provocation à la commission d’un délit et l’expression de l’antisémitisme doivent être poursuivis conformément à la loi. » Confronté à « une épreuve familiale et parentale », le couple accepte enfin « sans sourciller » le procès public devant « le tribunal des parents. »
Joie mauvaise
Ceux qui seraient tentés, face au malheur qui frappe des adversaires politiques, de céder à une joie mauvaise, celle que les Allemands nomment Schadenfreude, doivent garder en tête que nos enfants se dévoient parfois, malgré l’éducation donnée et l’amour reçu. Il serait par conséquent très prétentieux de se croire à l’abri de ce genre d’infortune. Au-delà de ces considérations, nécessaires, il convient de réfléchir. Tout en sachant que Raquel Garrido, Alexis Corbière, et François Ruffin, ont condamné sans équivoque les exactions et les pogroms perpétrés par le Hamas, il serait bon que la dérive supposée d’Inès Corbière incite à s’interroger collectivement quant à l’influence de certains discours de LFI sur la montée d’un nouvel antisémitisme. Il n’est pas une journée, en effet, sans que les Insoumis n’alimentent la haine de leur électorat contre Israël. Ainsi, Jean-Luc Mélenchon vient de déclarer sur X, à propos de la guerre en Israël : « Un génocide n’est pas « une réponse disproportionnée ». C’est un crime contre l’humanité, point final. » Toujours sur X, Ersilia Soudais s’est aussi exprimée récemment : « Meyer Habib qui demande tranquillou de laisser les Israéliens massacrer les Palestiniens. On le laisse déverser sa haine jusqu’à quand ? »
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J’ai une pensée triste pour Zola qui écrivit sa Lettre à la jeunesse, en 1897, avant J’accuse : « Des jeunes gens antisémites, ça existe donc, cela ? Il y a donc des cerveaux neufs, des âmes neuves, que cet imbécile poison a déjà déséquilibrés ? Quelle tristesse, quelle inquiétude, pour le vingtième siècle qui va s’ouvrir ! Cent ans après la déclaration des Droits de l’Homme, cent ans après l’acte suprême de tolérance et d’émancipation, on en revient aux guerres de religion, au plus odieux et au plus sot des fanatismes ! » Que penserait-il donc de la faillite du XXIème siècle ; de cet antisémitisme d’un nouveau genre qui prospère et qu’une certaine classe politique cultive ?
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