Les leaders de LFI ont beau clamer leur innocence, c’est bien la gauche mélenchoniste qui menace la démocratie. Le commentaire politique d’Elisabeth Lévy
L’image du 1er mai, c’est donc Raphaël Glucksmann pris à partie à Saint-Etienne. Il faut dire que les Black Blocks devaient avoir piscine. On n’a pas assisté hier aux violences habituelles qui, depuis une dizaine d’années, entachent assez systématiquement les mobilisations sociales – particulièrement le 1er mai. Elles auraient peut-être fait passer le chahut autour de la tête de liste PS / Place Publique au second plan.
Des images violentes déplorables
Raphaël Glucksmann et ses soutiens ont donc été virés du cortège stéphanois à coups de jets de peinture, de « Palestine vivra ! » et de « Casse-toi ! » par quelques dizaines de manifestants munis de drapeaux palestiniens. Le député européen a ensuite accusé des militants de « Révolution Permanente » et de LFI.
On peut se réjouir de la condamnation unanime dans la classe politique. Tant mieux, même si c’est le minimum syndical. Même Jean-Luc Mélenchon a fugacement été touché par la grâce démocratique ou voltairienne : il n’est pas d’accord avec Raphaël Glucksmann, mais il n’est pas d’accord non plus avec son expulsion. Cependant, il s’empresse ensuite d’ajouter que Glucksmann a eu tort d’accuser LFI. Dans le genre comique, les Insoumis accusent maintenant Glucksmann de se victimiser, alors qu’ils font eux-mêmes des trémolos depuis une semaine sur leur liberté bâillonnée et ont même convoqué une manifestation matinale porte de Clichy à Paris parce que Mathilde Panot avait été convoquée par la police pour s’expliquer sur son communiqué du 7 octobre dans le cadre d’une procédure politiquement stupide mais parfaitement banale.
Glucksmann a-t-il eu raison d’accuser LFI ?
Stricto sensu, l’opération stéphanoise a été revendiquée par les Jeunes communistes de la Loire, mais néanmoins la présence d’Insoumis est attestée.
A relire : Glucksmann, le candidat des gnangnans de la mondialisation?
Comme l’a dit Raphaël Glucksmann, au-delà de cet incident à Saint-Etienne, le parti mélenchoniste est largement responsable de la brutalisation de la vie politique. Sur les réseaux sociaux, les militants insoumis sont déchaînés contre le socialiste depuis des semaines, avec parfois au passage des messages antisémites. Ce sont aussi les Insoumis qui font monter les tensions autour de Gaza et qui, pour finir, entretiennent la confusion entre la cause des Palestiniens et celle du Hamas et s’acoquinent avec des associations qui veulent la destruction d’Israël.
Donc, oui Raphaël Glucksmann a raison. Mais il serait plus convaincant, primo, s’il s’indignait autant quand on tente d’empêcher de parler des gens proches du RN ou de Reconquête (la soi-disant extrême droite), cela n’a aucun sens de défendre la liberté si on oublie celle de ses adversaires. Deuxio, si le PS, le PC et les Verts n’avaient pas accepté de s’allier avec un parti qui a quitté les rivages démocratiques pour jouer le chaos, avec un parti qui recevait Jeremy Corbyn, qui clamait sa haine de la police et refusait d’appeler les émeutiers au calme. Pour un gros plat de lentilles électoral, les partis de gauche se sont déshonorés. Et on aimerait être sûr que ces deux gauches sont irréconciliables, et que le PS n’ira pas à Canossa pour quelques sièges de députés…
Enfin, on attend aussi que Raphaël Glucksmann et les autres représentants de la gauche « raisonnable » reconnaissent qu’ils se sont trompés sur un autre point. Voilà des années qu’ils ont fait fausse route et qu’ils jouent la comédie antifasciste contre le RN ou Éric Zemmour. Ce baratin ne trompe plus personne, même pas eux. C’est désormais clair. En France aujourd’hui, ce n’est pas la droite nationale qui menace la démocratie avec des comportements de voyous. C’est la gauche mélenchoniste, qu’on le dise !