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La passion triste du mea culpa, ça suffit!

Le billet de Dominique Labarrière


La passion triste du mea culpa, ça suffit!
Metz. DR.

Affaire du concert perturbé par cinq gamins au cri de «Allah Akbar» dans la cathédrale de Metz : la contrition permanente


À la cathédrale de Metz, un concert où l’on joue Bach interrompu – que dis-je interrompu ? Profané ! – aux cris de Allahou Akbar. Réaction des responsables du lieu : ils s’abstiendront de porter plainte parce que, selon eux, cet acte « n’est ni grave ni problématique »[1]. Encore un petit effort, et ils iront jusqu’à s’excuser d’avoir une cathédrale et de la musique de Bach à y jouer. Profil bas, échine ployée, cela en permanence. Voilà comment nous avançons désormais dans l’Histoire.

Reprenons-nous !

Or, qui se précipiterait pour, d’enthousiasme et d’un cœur léger, s’assimiler, s’intégrer à un peuple, à une nation dont la grande passion est la culture du repentir, de la honte de soi, de l’autoflagellation, de la culpabilité ad aeternam? Qui? Poser la question revient évidemment à y répondre.

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Il faudrait tout de même en finir un jour avec cette doxa délétère et castratrice. Né coupable le chrétien d’Occident ? Que non pas ! Né libre tout au contraire. Pour que le malencontreux père Adam ait pu être reconnu fautif d’avoir croqué dans la pomme, coupable de ce foutu péché originel, notre boulet d’éternité, il faut nécessairement qu’il ait eu le choix de céder à la tentation ou de ne pas céder. Sinon, où serait sa responsabilité ? Où serait la «  faute », la transgression ? Ce n’est donc pas tant le péché qui est originel que cette liberté. Dès lors, une certitude s’impose : nous sommes ainsi avant tout et pour toujours le peuple de la liberté originelle. Alors, reprenons-nous un peu et revendiquons haut et fort cette absolue et sublime singularité.

Certes, on voit bien ce que la culpabilisation obsessionnellement entretenue, cette culture de la conscience malheureuse a pu générer de splendeurs compensatrices, dont les cathédrales et les cantates de Bach ne sont pas les moindres. Mais on voit bien aussi combien cela n’a fait, au fil des siècles, que nous prédisposer à la soumission, à l’acceptation de la flagellation.

Le wokisme peut s’en donner à cœur joie. Il a beau jeu d’instruire contre nous un procès en totale et permanente culpabilité puisque nous nous offrons de nous-mêmes en coupables sur l’autel de la repentance. Les obscurantistes fanatiques ont beau jeu eux aussi de nous claquer la joue droite puisque nous nous ferons un délice de leur tendre la gauche.

Débats byzantins

Or cette humilité congénitale, cette fascination morbide pour la pénitence ne nous mène nulle part, si ce n’est là où nous sommes aujourd’hui, au seuil de notre perte, de notre disparition. Le temps de l’audace est venu. Le temps de l’orgueil que doit nous inspirer la conviction d’être – nous et nous seuls – le peuple de la liberté originelle. Celle du père Adam, à qui, d’ailleurs, nous nous garderons bien de jeter la première pomme. Celle, aussi, qui nous inspire le choix de la clémence ou de la rigueur face à ceux qui profanent un lieu sacré et un moment d’art qui ne l’est pas moins. Celle enfin qui s’est traduite dans les lois de notre nation. Ici, au beau pays de France, tout individu qui y voit le jour – homme ou femme – naît libre, cela depuis l’édit du 3 juillet 1315 du roi Louis X Le Hutin, et que prolongent ces aphorismes d’une lumineuse clarté : « Nul n’est esclave en France », « Le sol de la France affranchit l’esclave qui le touche. » Qui peut mieux dire de par le vaste monde ?

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Voilà qui devrait être répété chaque matin dans chaque classe de chaque école de la maternelle à la dernière année d’études. Afin que le sublime principe de cette liberté originelle traduite dans nos principes fondamentaux finisse par rentrer – de gré ou de force – dans les esprits. Ce serait sans doute plus efficace que de continuer à se vautrer dans les méandres de débats byzantins sur les grandeurs et misères du concept de laïcité. Débats dont nous ne voyons même pas que nous nous l’imposons à nous-mêmes comme relevant d’une obscure obligation de justification. Pour ne pas parler, là encore, de contrition…

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[1] « Ce sont des jeunes désœuvrés, ce qu’ils ont fait n’est vraiment pas grave ni problématique. C’était plus par jeu. Il n’y a eu ni violence, ni dégradation, sans quoi évidemment nous aurions porté plainte » a déclaré le chanoine de Metz à Valeurs actuelles.



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Ex-prof de philo, auteur, conférencier, chroniqueur. Dernière parution : « Moi, papesse Jeanne », éditions Scriptus Malvas

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