Après une intense campagne de dénigrement et d’accusations médiatiques, des célébrités se retirent de la pétition qu’elles avaient signée en soutien à l’acteur Gérard Depardieu. On ne partirait pas à la guerre avec elles ! Le billet de Dominique Labarrière
« N’effacez pas Gérard Depardieu ». Ils avaient signé la pétition qui visait à fustiger la chasse à l’homme menée contre Gérard Depardieu. Il s’agissait principalement de cela, et non, si on a bien compris, d’encenser ou de cautionner sans réserves les propos d’ailleurs indéfendables tenus par cet acteur, remarquable également, de mon point de vue, par l’état permanent – ou quasi permanent – d’ébriété mentale dans lequel il évolue. (À cet égard, peut-être la prescription d’un peu de thérapie pourrait-elle opportunément précéder celle du bûcher ?)
Mais voilà bien que l’initiateur de la tribune ne convient pas à certains signataires. Trop marqué mauvais camp. Trop encanaillé peste brune et bien trop empestant le souffre.
C’est que la caste des signeurs cultive ses interdits, ses coquetteries et ses travers, dont un fort bien connu : plutôt avoir tort avec Sartre que raison avec Aron. Tel aura été, tel est, et tel sera probablement à jamais le mantra de cette étrange tribu. Nous avons donc ici un énième remake très bas-de-gamme de cette somptueuse imposture.
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Certains des signataires, regrettant un bon sens précipité, font machine arrière. Retirent leur nom. Rentrent dans le rang, la plume honteuse et la queue basse. C’est qu’il serait terriblement irresponsable, n’est-ce pas, d’hypothéquer sa réputation salonnarde ainsi que ses espérances de carrière en se mélangeant si inconsidérément.
Ceux, plus nombreux et moins regardants, qui ont apposé leur signature à côté de celle de Médine, rappeur cumulant les beautés intellectuelles de l’antisémitisme et du sexisme le plus rance, ne sont pas travaillés par de tels scrupules. Pourquoi, d’ailleurs, le seraient-ils ? La contre-tribune va dans le sens du vent et l’on s’y expose en excellente compagnie. Voilà le lieu parfait où la bourgeoisie de farces et attrapes peut parader tranquille, faire mine de mener la lutte d’une vie, et ceindre par anticipation l’auréole de la sainteté idéologique. C’est ce qui explique évidemment la longueur de la liste de ces courageux contempteurs des mauvaises mœurs, des pitoyables façons du mis en cause. On se bouscule. Normal. Les hallalis sans risque ont toujours eu la faveur du brave bourgeois, qu’il soit d’estrade, de rente ou de cour.
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