La censure ne m’a jamais passionné, mais elle est parfois amusante. Bernard Lugan vient d’en faire les frais sur i-Télé, où son interview a été assez cavalièrement déprogrammée par la direction. Le malheureux s’appliquait à défendre le point de vue suivant :
« L’aide, en plus d’être inutile, infantilise l’Afrique en lui interdisant de se prendre en main, de se responsabiliser. Dans la décennie 1950-1960, les Africains mangeaient à leur faim et connaissaient la paix tandis que l’Asie subissait de terribles conflits et d’affreuses famines. Un demi siècle plus tard, sans avoir été aidées, la Chine et l’Inde sont devenues des « dragons » parce qu’elles ont décidé de ne compter que sur leurs propres forces, en un mot, de se prendre en charge. Au même moment, le couple sado-masochiste composé de la repentance européenne et de la victimisation africaine a enfanté d’une Afrique immobile attribuant tous ses maux à la colonisation ».
Catastrophe avérée, repentance répandue, raisonnement impeccable. A ceci près que l’aide humanitaire fait vivre un nombre considérable de hauts (et de moins hauts) fonctionnaires onusiens, européens et français : personne ne les mettra à la paille comme ça, et moins encore à l’aide d’un raisonnement. Allons, Monsieur Lugan, encore un effort pour être tout à fait réaliste.
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