Hommages à Hervé Algalarrondo
C’était un auteur talentueux, dont la maladie nous avait privé depuis trop longtemps déjà. Et il était devenu un ami. Deux termes me viennent à l’esprit pour définir Hervé Algalarrondo, mort le 20 octobre à 72 ans : bienveillance et élégance – et je ne parle pas seulement du look british qu’il assortissait d’un zeste d’ironie.
Hervé était de gauche, de cette gauche dont on pleure chaque jour la quasi-disparition. Amoureux de la conversation, curieux de tout ce qui est humain, et plus encore politique, il était le contraire du sectarisme et de la bonne conscience qui définissent aujourd’hui le camp du bien. Du reste, il était plus que critique avec sa famille politique, dont il avait été l’un des premiers à analyser et dénoncer le divorce d’avec les classes populaires dans Sécurité : la gauche contre le peuple (Robert Laffont, 2002), puis la dérive terra-noviste dans La Gauche et la préférence immigrée (Plon, 2012), un ouvrage qui lui aurait sans doute valu les foudres des réseaux sociaux, s’ils avaient déjà eu la puissance que l’on connaît.
On aimait se raconter nos vies et se chamailler. Je le trouvais trop libéral, il me trouvait trop jacobine, lui qui tenait à ses deux origines, basque d’un côté, picarde de l’autre. Je me rappelle combien il était fier que son petit-fils adoré, Liam, l’appelle aïtani, (« grand-père » en basque). Et c’est pour payer son tribut à cette Picardie qu’il aimait qu’il avait choisi de raconter en parallèle la vie d’Emmanuel Macron et celle de l’écrivain Édouard Louis dans Deux jeunesses françaises (Grasset, 2021).
En quelques années d’amitié, je n’ai jamais vu Hervé en colère. Aujourd’hui, c’est moi qui suis en colère de l’avoir perdu, de ne pas lui avoir suffisamment témoigné mon affection. Il n’est plus là pour m’apaiser de son sourire en coin qui semblait dire : « Allez, tout ça n’est pas si grave ! » Adieu l’ami.
Causeur présente ses condoléances à sa fille Marie, à son petit-fils et à tous ses proches.