Il y a sept ans, fuyant la police, Adama Traoré mourait. Depuis, sa sœur Assa (notre photo) et des activistes soutenus par les médias et l’extrême gauche ont érigé sa mort en symbole des “violences policières”. La justice renâcle à clore le dossier. Incompétence ou manque de courage ? La plus grande injustice, c’est le déni de justice.
C’est une affaire qui pourrait porter le titre d’une comédie de Billy Wilder : Sept ans de réflexion. Mais elle n’a rien de drôle. Voilà sept ans que trois juges d’instruction sucent la pointe de leur stylo à bille pour savoir s’il convient ou non de renvoyer devant un tribunal correctionnel trois gendarmes accusés de porter une part de responsabilité dans la mort d’Adama Traoré.
Un plaquage ventral fatal
Petit rappel des faits pour en dire le contexte : le 19 juillet 2016 à Beaumont-sur-Oise (95), le frère aîné d’Adama, prénommé Bagui (déjà condamné à 19 reprises), est interpelé dans le cadre d’une enquête pour extorsion de fonds. Présent à ses côtés, et alors qu’il n’est pas concerné, Adama Traoré prend la fuite. Pourquoi s’est-il enfui ? Parce qu’il n’avait pas ses papiers d’identité sur lui, disent les uns. Parce qu’il était porteur de quelques grammes de cannabis et de 1 330 € à l’origine douteuse, disent les autres. Toujours est-il que son arrestation et sa mort surviennent à l’issue d’une longue course poursuite s’achevant par un plaquage ventral.
Indignation, échauffourées, marche blanche, création d’un comité pour protester contre les conditions dans lesquelles est mort ce jeune homme de 24 ans, membre d’une fratrie de 17 enfants (son père semble avoir vécu en état de polygamie), déjà condamné pour de multiples délits (recel, violences, outrages, extorsion, menaces de mort, conduite sans permis, usage de stupéfiants, vol), déjà incarcéré à deux reprises (de septembre 2012 à juillet 2014, puis de décembre 2015 à mai 2016), objet post-mortem d’une plainte pour viol déposée par un codétenu, viol qui aurait été commis lors de son dernier séjour en prison (ce codétenu étant ultérieurement indemnisé pour ces faits par la Commision d’Indemnisation des Victimes d’Infraction considérant dans sa décision lui allouant 15 000 € « la matérialité des infractions d’agressions sexuelles dénoncées comme établie »).
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Gendarmes lives matter !
Une instruction, confiée collégialement à trois juges pour non-assistance à personne en péril, est ouverte. Les trois gendarmes – dont deux sont originaires des Antilles – sont placés sous le statut de « témoins assistés ». La réflexion des juges commence. Le dossier est sensible. On parle de racisme. Quelques témoins sont interrogés. De multiples expertises et contre-expertises médicales ont lieu. Dix au total. La majorité d’entre elles concluent à une mort naturelle, consécutive à la course poursuite, liée à une maladie cardio-respiratoire dont aurait souffert Adama Traoré. Certaines l’attribuent au plaquage ventral. Sept ans après, les juges réfléchissent toujours. « Nous rendons justice les mains tremblantes », disait Guy Canivet, le premier président de la Cour de cassation après l’affaire d’Outreau. Louable précaution. Mais voilà que les juges chargés de ce dossier, appliquant cette consigne à la lettre, en oublient de juger ! Ils ne font que trembler. Pourtant, juger, c’est en définitive trancher. Pourquoi ce tremblement irrépressible ? Incompétence ou pusillanimité ? Ou les deux ? Que l’on ne vienne pas dans cette affaire nous parler de manque de moyens. Si les juges prononcent un non-lieu, auraient-ils peur de provoquer des émeutes ? S’ils renvoient le dossier devant le tribunal correctionnel, auraient-ils peur de mécontenter la police ? Et s’ils renvoient, auraient-ils peur, en cas de relaxe, de provoquer d’autres émeutes ? Vu l’allure à laquelle cette affaire traîne, vu les multiples voies de recours offertes par notre procédure pénale, son épilogue judiciaire ne surviendra pas avant plusieurs années. 2026 ? Dix ans après les faits ? Au mieux ! Là est le scandale. Car, pour les mis en causes comme pour les parties civiles, la plus grande injustice, c’est le déni de justice. Et ce qui mine notre République, ce qui détruit notre démocratie, ce qui lézarde nos institutions, qu’elles soient politiques ou judiciaires, c’est le manque de courage. « Prendre ses responsabilités » … Cette expression est devenue une scie. Toujours prononcée, jamais mise en œuvre !
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