Il faut n’avoir aucun cœur pour ne pas vouloir secourir les Afghans qui fuient la double monstruosité de la charia et des guerres tribales. Il faut n’avoir aucune conscience pour vouloir lâcher des gens forgés par des siècles de combats, de razzias et de fanatisme au milieu de son propre peuple désarmé.
Une république corrompue portée à bouts de bras par les USA a été renversée par l’armée d’une théocratie totalitaire soutenue par le Pakistan et le Qatar. Difficile de nier le rôle de l’Occident, et en particulier de l’Amérique, bien que l’on puisse, et doive, se demander ce qui relève de l’arrogance, de l’incompétence, des mauvaises excuses que l’on donne pour sauver la face, et de l’hypocrisie cynique et calculatrice. Difficile de nier l’aveuglement plus ou moins volontaire de nombre de commentateurs depuis 40 ans, dont Le Monde Diplomatique a rassemblé un saisissant florilège, et on se demande s’il faut rire ou pleurer de voir que plusieurs auteurs des pires absurdités de l’époque sévissent encore comme donneurs de leçons subventionnés.
Mais enfin ! A écouter certains, on en arriverait à croire que l’Occident n’a rien fait pour l’Afghanistan, et que les Afghans n’ont aucune part de responsabilité dans la situation de leur pays. Comme le rappelle le général François Chauvancy dans une excellente analyse, « près de 1.700 milliards d’euros ont été dépensés en Afghanistan par les États-Unis soit près de six fois le budget annuel de la France, près de 2.500 Américains tués et 20.000 blessés, pour leurs alliés quelques centaines de tués (France 89, Royaume-Uni 453) et des milliers de blessés souvent amputés. » Quant aux Talibans, ils sont tout aussi afghans que les civils qui fuient la prise de Kaboul – ce qui ne veut pas dire grand-chose dans un pays de conflits séculaires entre tribus, mais devrait suffire à disqualifier quiconque nous explique qu’il est urgent d’accueillir « tous les Afghans ».
À lire aussi: Serge Féray, Pour un émirat inclusif
Y a-t-il, parmi les futurs migrants afghans qui ne manqueront pas de frapper à nos portes, des gens bien, des gens qui aspirent simplement à vivre sans faire de mal à personne et méritent toute notre compassion et notre hospitalité ? Oui, assurément. Y a-t-il des gens que nous avons le devoir d’accueillir ? Oui, bien entendu, à commencer par nos anciens auxiliaires
