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La Belgique ne doit pas céder au chantage de l’Iran


La Belgique ne doit pas céder au chantage de l’Iran
Le Premier ministre belge, Alexander De Croo, Bruxelles, 17 juin 2022 © Shutterstock/SIPA

Le diplomate iranien Assadollah Assadi, le cerveau de l’attentat raté de Villepinte condamné à 20 ans de prison en juin 2021 en Belgique, pourrait être échangé contre deux ressortissants occidentaux détenus à Téhéran: le scientifique irano-suédois Ahmad Reza Jalali, et le touriste français Benjamin Brière. Massoumeh Raouf, ancienne prisionnière politique du régime des mollahs, dénonce cet accord honteux dans cette tribune libre.


C’est avec colère que les démocrates iraniens ont appris l’accord honteux passé par le gouvernement belge avec le régime iranien qui permettra de renvoyer à Téhéran le cerveau de l’attentat raté de 2018 en France. Celui-ci était censé faire un carnage pire que celui de Bataclan et visait un important rassemblement de l’opposition iranienne à Villepinte, dans le nord de Paris. Le projet de loi sera examiné en urgence, le mardi 5 juillet, en commission des Relations extérieures au parlement belge, pour être voté jeudi cette semaine.

Déjoué de justesse par les polices belges et françaises, l’attentat devait avoir lieu le 30 juin 2018 et visait le meeting du Conseil national de la résistance iranienne (CNRI), en présence de dizaines de milliers de personnes, dont de hauts responsables politiques européens et américains. J’ai participé à ce rassemblement avec des milliers d’autres Iraniens et j’aurais pu être l’une des victimes de ce carnage.

Assadollah Assadi, un diplomate iranien basé à Vienne, a été arrêté juste avant l’attentat avec ses trois complices. Un tribunal d’Anvers avait condamné Assadi à 20 ans de prison, et ses complices, Nasimeh Naami, Amir Saadouni et Mehrdad Arefani à respectivement 18, 18 et 17 ans de prison, révoquant leurs passeports et la nationalité belge aux trois acolytes. Les preuves révélées lors du procès des terroristes ont souligné qu’Assadi supervisait un vaste réseau d’espionnage à travers l’Europe en usant de son statut diplomatique en tant que troisième secrétaire de l’ambassade.

Il ne fait aucun doute que dans les coulisses, un accord a été conclu entre le gouvernement belge et le régime iranien. Marchander avec un régime dictatorial au sujet d’un terroriste qui a été jugé et condamné par un tribunal indépendant est évidemment scandaleux pour le gouvernement belge. Ce n’est pas seulement se plier devant les mollahs, c’est devenir complice de leurs potentiels futurs attentats terroristes sur le sol européen.

Livrer un terroriste dans un dossier pour lequel le Parquet fédéral a travaillé quatre ans est une humiliation pour la justice belge et les services de police qui ont participé à la neutralisation de l’attentat. Assadi et son « équipe de terroristes professionnels » pourront regagner leur centre de commandement à Téhéran.

Appel à une mobilisation urgente

Maryam Radjavi, présidente du Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI), était la cible principale du complot déjoué. L’ambition du diplomate terroriste était d’éliminer la dirigeante de l’opposition et créer un traumatisme plus importants encore que la plaie laissée béante par l’attaque du Bataclan. Ses actions ont été validées par les plus hauts niveaux de la direction du régime. L’intégrité de l’appareil diplomatique du régime iranien est hautement suspecte et activement utilisée dans le cadre de ses efforts terroristes.

Maryam Radjavi a appelé dans un communiqué les députés belges, eurodéputés et parlementaires des autres pays européens à prendre des mesures urgentes pour empêcher l’adoption de ce projet de loi. « Le plan de carnage près de Paris aurait pu devenir le plus grand attentat terroriste en Europe. S’il est adopté, le projet de loi encouragera le fascisme religieux à Téhéran à mener son terrorisme. Personne en Europe ne sera en sécurité contre les assassins au pouvoir en Iran », a-t-elle souligné.

Dans une lettre adressée au Premier ministre et au ministre de la Justice, les avocats du CNRI, Georges-Henri Beauthier et Rik Vanreusel, ont protesté contre ce qu’ils ont appelé un « projet funeste » qui permettrait, notamment, à Assadi d’être gracié lors de son retour dans son pays. « Il est certain que, par la suite, la prise en otages d’innocents sera facilitée, puisque les agents des services secrets et des terroristes iraniens seront, en fin de compte, remis à leur gouvernement », écrivent les deux avocats, qui déplorent encore que le gouvernement « se moque » des décisions de la justice.

Le parlement belge devrait rejeter cet accord déshonorant, qui créé un dangereux précédent et met en péril la sécurité et la stabilité en Europe.

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Journaliste et écrivaine, ex-prisonnière politique du régime des mollahs en Iran. Membre de la Société des Gens de Lettres (SGDL) et Membre du Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI). Son nouveau livre « Évasion de la prison d’Iran » est sorti en février 2022 chez les Éditions Balland.

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