1. Le sentiment d’inutilité du vote, le peuple constatant empiriquement que ses doléances, quel que soit le parti auquel elles sont adressées, finissent à la poubelle.
Sentiment qui finit par devenir une défiance radicale devant la succession quotidienne des harcèlements et des vexations de la part d’un État qui, au lieu de les servir et de les protéger, est devenu un organe de nuisance : encore un radar sur la rocade, encore une norme à respecter, encore une taxe à payer. Les gens se fichent d’être les héros de l’environnement, les conquérants de la réduction des inégalités, les surhommes de la vitesse réglementaire sur la portion ouest du périph’ ou les preux chevaliers établissant le règne d’un monde sans discrimination ou sans montée du niveau des océans. Les gens ne demandent pas à devenir de tels Titans contenant à chaque instant les flots du chaos et de l’injustice, ils veulent juste qu’on les laisse mener une vie à leur mesure, en profitant des fruits mérités de leur travail. Le peuple, pour répondre à la dernière trouvaille de Mélenchon, pourrait bien être populiste.
2. La politique n’a plus le pouvoir de changer la vie. Les mutations du monde devancent et dépassent les programmes politiques. Easy Jet, Uber, Amazon, Netflix, le Manège à Bijoux ou Costa Croisières réalisent la démocratisation comme aucun appareil démocratique élu n’a été capable de le faire. La politique n’infléchit plus grand chose, elle se contente d’entériner et de légiférer le bouillonnement indistinct des novations sociétales et technologiques. Elle s’avoue même impuissante devant la vague terroriste qui gagne le continent : elle va réguler le phénomène, conditionner au mieux sa coexistence parmi les honnêtes gens. La dynamique du monde pulvérise la légitimité traditionnelle des appareils institutionnels.
Dans cette nouvelle donne, Google défendra mieux mes intérêts que la CAF. Voilà sans doute qui explique doublement et le discrédit de la politique, et l’avènement du président de la start-up nation.
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