Ces jours-ci, on reparle des abeilles et de l’enjeu écologique majeur qu’elles représentent pour l’équilibre de la biodiversité. On s’inquiète du risque prochain de leur disparition, qui serait un désastre à grande échelle. On évoque le grand danger des pesticides et des insecticides. Des pétitions circulent sur internet. La problématique est très sérieuse.
Je suis extrêmement surpris du tour que prend cette affaire, car j’ai un souvenir très net de la façon dont le sujet fut traité dans les médias et sur les blogs quand, en 2004, Philippe de Villiers avait tiré la sonnette d’alarme. Exemple avec un journal connu pour sa probité et la rigueur de ses analyses :
Libé avait publié en 2004 :
« Pour «ressusciter», le vicomte vendéen a surtout eu besoin des abeilles. Depuis 1997, le président du conseil général de Vendée a flairé « l’incroyable parabole », comme il dit. Son combat pour les abeilles, c’est celui contre «l’agrochimie», c’est le pot de miel contre le pot de fer, le bien contre le mal. Et sa leçon : «Lorsqu’il n’y a plus d’Etat national, il reste les multinationales.» Nous y voilà : Villiers mène bien une campagne. Non candidat aux régionales, il conduit déjà la bagarre d’après : les européennes de juin où son parti (le Mouvement pour la France) sera présent dans huit «grandes régions» hexagonales. Avec l’antienne connue : la lutte pour la préservation du souverainisme, la France éternelle et immuable plutôt que sa dilution dans un ensemble à vingt-cinq Etats. »
Les abeilles, un combat pathétique et secondaire, une cause de politicien intéressé, un attrape-gogo de populiste ringard dont on raille le nom qui fait un peu trop Old Régime (« vicomte », Lol !), un enculage de mouche de régionaliste à la masse qui resurgit comme un pantin à la faveur d’une élection, une paranoïa de croisé illuminé lancé seul contre « les multinationales » et « l’agrochimie ». Notez les guillemets du journaliste. Et je vous passe tout ce qu’on a lu sur les sites d’info, les blogs et les forums qui allait massivement dans le même sens.
Tadaaaaaa ! Libé écrivait pourtant en 2013 :
« Une victoire pour les défenseurs des abeilles : trois insecticides toxiques pour les butineuses seront interdits d’utilisation dans l’Union européenne pendant deux ans, à compter de décembre. À l’issue d’un vote serré, et soumis à de fortes pressions de l’industrie et des lobbys agricoles, la Commission européenne a décidé de suspendre le clothianidine, l’imidaclopride et le thiaméthoxame, néonicotinoïdes présents dans des pesticides fabriqués par l’allemand Bayer ou le suisse Syngenta (Cruiser OSR). « Les abeilles sont vitales pour notre écosystème et elles doivent être protégées, d’autant qu’elles apportent une contribution annuelle de 22 milliards d’euros à l’agriculture européenne», a rappelé le commissaire en charge du dossier, Tonio Borg. »
Je vous laisse conclure, je risque d’être grossier.
*Photo : MillyNeT.
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