Abd Al Malik est actuellement en promo pour son nouvel ouvrage, très malencontreusement intitulé Place de la République. On peut y lire, à longueur de pages, ce genre d’affirmation : “Soyons honnêtes, dans notre pays, les caricatures de Charlie Hebdo ont clairement contribué à la progression de l’islamophobie, du racisme et de la défiance envers tous les musulmans.”
Comme, pour des raisons qui m’échappent, le salafisme a mauvaise presse chez nous, cette fatwa anti-Charlie est bien sûr enrobée dans un raisonnement pseudomarxiste à la noix où Abd nous ressert la vieille soupe dominant/dominé façon Derrida/Bourdieu : “Lorsque l’on défend, nous explique doctement le rappeur philosophe, la liberté de la presse, il ne faut pas oublier le rapport de force (…) entre celui qui l’exerce et celui qui la subit.”
Tous propos écrits, rappelons-le, après les attentats islamistes de janvier. Ils ont déjà donné lieu à une polémique hilarante entre Abd et Télérama , dont les lecteurs seraient mélanophobes grave, semble-t-il.
Des propos répétés à l’envi ces jours-ci sur moult plateaux radiotélés, dont celui du Grand Journal de Canal. Ce genre de crachage sur la tombe des copains aurait pu rester impuni sans l’intervention de Joann Sfar. Invité trois jours après Abd sur le même grand plateau, il s’est fendu d’un salutaire recadrage républicain : « J’ai entendu chez vous il y a trois jours, Abd Al Malik qui paraît-il est le représentant des modérés. Tout ce qu’il a trouvé à dire un mois après c’est que Charlie Hebdo avait été irresponsable. Donc, des journalistes ont été abattus parce qu’ils ont été irresponsables. Bravo. Si ça c’est des modérés, moi je ne sais pas où on va. »
Qu’ajouter à cette mise au point ? Pas grand-chose. Un peu de droit, peut-être…
Je ne suis point juriste, mais si Monsieur Malik dit vrai quand il affirme que les caricatures de Charlie ont clairement contribué à la progression du racisme, alors il doit aller au bout de ses opinions et contacter une organisation dite antiraciste pour qu’elle porte plainte. Pas contre Charb, Cabu, Tignous, Honoré ou Wolinski, nos lois ne le permettant pas. Mais il doit bien y avoir un moyen de traîner les dessinateurs survivants devant un tribunal, puis de les faire passer à la caisse, en plus, il paraît qu’ils sont blindés de tunes.
Mais peut-être n’ira-t-il pas défendre cette accusation de racisme devant un tribunal. Parce qu’il n’a aucune preuve de ce qu’il avance en diffamant des morts. Ce qui techniquement fait de lui un propagateur de fausses nouvelles ou un diffamateur. Je ne dirais pas un menteur, parce que je sais que la religion d’Abd interdit le mensonge. Et je ne voudrais pas qu’on aille penser que, moi aussi, je…
*Photo : Jacques Brinon/AP/SIPA. AP21664927_000002.
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