Pour un électeur de droite, il y a un gouffre entre les atermoiements de Valérie Pécresse et la radicalité d’un Eric Zemmour.
La droite républicaine est de retour ! Vive la mariée ! Le visage radieux, le verbe performatif —« Le courage de dire et la volonté de faire ! » —Valérie Pécresse les a emballés. Avec un score large, elle était celle qu’on attendait. Elle avait, également, un atout : être une femme. Ciel ! Ciotti était trop radical, trop proche de Z la Terreur. Elle, elle est la Reine de France, adoubée dans son Isle. Elle porte notre espérance, et son slogan fait mouche : « Macron a une obsession. Moi j’ai une seule passion : faire nation. » Quelle expression malséante !
« Souvent femme varie. Bien fol est qui s’y fie » dit le proverbe. Le 5 juin 2019, Valérie Pécresse tweete : « En femme libre, je quitte les Républicains, persuadée que le parti ne pourra se refaire qu’à l’extérieur…, que les idées sont cadenassées et qu’il faut un élargissement de la droite. » En femme libre, cette année donc, elle rejoint le parti dont elle devient la présidente. Fort bien. Femme des terroirs et des ronds-points, éolienne parfaite des uns et des autres, carpette anglaise et carpette tout court, cette énarque fera une ministre parfaite de Macron.
A lire aussi: Un oiseau? Un avion? Non, c’est…!
Parlant anglais et japonais, elle était, en 2010, avec Taubira, pour une société multiculturelle et postraciale. En 2014, interrogée sur la PMA, elle est pour la famille « traditionnelle » et les enfants fabriqués à l’ancienne. Elle martèle même à la TV : « Quand je dis non, c’est non ! » Mais, quand le vent tourne, elle… retourne sa veste, elle est pour la PMA. Celle qui met sa biographie sur le site de l’île de France, en franco-anglais, persuadée qu’étudier La Recherche en anglais fait mieux connaître la langue de Proust, peut-elle affirmer qu’elle luttera pour faire respecter la loi Toubon ? Elle qui affirme que, si Macron a une obsession, c’est plaire, et qu’elle, n’a qu’une obsession, c’est faire, — original ?— croit-elle qu’elle va jouer la fière-à-bas avec les gauchos, les woke, les islamistes ? Va-t-elle les reconquérir, les territoires perdus de la République ? Macron réélu, elle sera son Premier ministre. Ralliez-vous donc à son panache blanc !
Je sais bien que ce n’est pas le moment, mais, en politique, avec les hommes politiques, ce n’est jamais le moment. Aussi, je la pose quand même, cette question. Pourquoi cette femme forte n’a-t-elle pas, ni les autres, d’ailleurs, ne serait-ce qu’en passant, effleuré le problème du meeting, rendu difficile, par les antifas, d’un candidat, proche, après tout, d’un de ses rivaux, même si celui-ci est devenu, par la grâce de l’onction républicaine, un de ses « amis » ?
A lire aussi: Valérie Pécresse, à vous de protéger les Français!
Alors, cette primaire, exemplaire ? Hors temps, oui ! La vérité est que tout le monde a été soulagé que « ça se soit bien passé ». Pas de lutte fratricide ni de petits meurtres entre amis ? Sauf que le tableau de famille avec Blanche-Neige, ce n’est pas la France d’aujourd’hui— avec son corps en miettes et ses bras cassés. Surtout, ce discours, Valérie Pécresse ne l’aurait-elle pas emprunté à Zemmour ? !
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !