Si cette affaire est affligeante, c’est en raison de la confusion entre le choix de cet auteur antisémite pour une célébration nationale, donc forcément un peu républicaine, et une prétendue censure dont on aimerait savoir comment elle s’exerce étant donné que Céline a une myriade de volumes dans la Pléiade. Par ailleurs, ses pamphlets antisémites, prétendument introuvables, sont facilement téléchargeables (et pas seulement consultables sur microfilms dans quelques bibliothèques).
Au risque de passer pour une femme de peu de goût, hormis le caractère aberrant de la névrose antisémite du docteur Destouches, je me demande s’il est permis de ne pas apprécier le style de saint Céline, phare et acmé du chic littéraire.
Cela dit et pour en revenir au scandale qui fait couler autant d’encre que ce totem empilait les points de suspension, justement, cette affaire tient en trois points :
Qu’allait faire Frédéric Mitterrand dans cette galère? Car s’il faut nommer un responsable, c’est bien son ministère.
Pourquoi cet acharnement national à révérer ce diariste logorrhéique tout en ayant – et à juste titre – non seulement condamné à mort mais voué aux enfers un Brasillach, et à l’oubli un Drieu? Quitte à « dissocier l’homme de l’œuvre », on a encore le droit de préférer le style de ce dernier.
Et depuis quand Serge Klarsfeld, parce qu’il est juif, devrait-il éviter d’exprimer un désaccord dont moi, qui ne le suis pas, partage entièrement les termes ?
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