La rentrée parlementaire a été marquée par la gravité et les fausses urgences : terrorisme, écriture inclusive et punaises de lit ont occupé de longues séances dans l’hémicycle.
Bon, finie la rigolade ! Terminées les journées à arpenter ma bonne terre du Biterrois… Retour à l’Assemblée nationale avec ses longues journées dans l’hémicycle.
Non, non, rien n’a changé
C’est la rentrée. J’ai l’impression de retrouver notre hémicycle dans le même état que deux mois plus tôt. LFI braille toujours autant. Les écolos renouent avec le cirque et ne trouvent rien de mieux qu’arborer, dès la première séance de questions au gouvernement, des tee-shirts siglés contre le réchauffement climatique, strictement interdits par notre règlement intérieur. Et, comble de l’ironie, on apprend que, le matin même, lors de la conférence des présidents, Yaël Braun-Pivet, présidente de notre auguste assemblée, avait remis les choses au clair concernant les chahuts à l’Assemblée avec un impérial « Je ne laisserai plus rien passer. » Ça promet !
49.3 le retour…
Pour finir de nous replonger dans l’ambiance, un petit 49.3 dès le lendemain pour faire passer la loi de programmation des finances publiques 2023-2027. Sans que ça émeuve grand-monde, semble-t-il…
Plein emploi
Ça, vous avez dû en entendre parler. C’était le texte de la rentrée parlementaire : le projet de loi qui remet les bénéficiaires du RSA au boulot. Un dialogue de sourds tant les positions semblent irréconciliables entre ceux qui sont favorables aux quinze heures d’activité demandées aux allocataires du RSA en contrepartie des indemnités versées (les partis de la majorité et la droite) et ceux qui estiment que cette mesure s’apparente à de l’exploitation (la gauche et le RN). Les débats sont difficiles. On passe des heures à pinailler sur un mot – faut-il parler d’emploi ou d’emploi de qualité ? –, mais la palme revient sans conteste à un amendement d’un député du RN qui proposait de « comptabiliser dans la durée hebdomadaire d’activité du demandeur d’emploi les heures consacrées aux devoirs des enfants, aux courses et à l’entretien du foyer. » Si, si…
Minutes de silence
Le 10 octobre dernier, la présidente de l’Assemblée nous a demandé d’observer une minute de silence pour les victimes israéliennes de l’attaque terroriste du Hamas. Puis, une autre le 17 octobre en hommage à Dominique Bernard, professeur tué par un islamiste à Arras. Rien de plus évident pour manifester notre solidarité. Mais je ne peux m’empêcher de remarquer que ces instants censés être des moments d’unité, de concorde, sont en forte augmentation – et régulièrement contestés –ces derniers temps à l’Assemblée nationale : huit depuis le début de l’année. Je pense notamment à celle que l’Assemblée a organisée pour la mort de Nahel –« le petit ange parti trop tôt », dixit le footballeur Kylian Mbappé. Vous avez dit discernement ?
Drame national
Le gouvernement avait déjà dévoilé, en mars 2022, le premier plan interministériel contre les punaises de lit ! Mais ces vilaines petites bêtes ont refait surface lors de la rentrée parlementaire et ont été déclarées ennemi public numéro 1 de la septième puissance économique mondiale ! À quand la minute de silence pour les victimes des punaises de lit ?
Empathie
Annoncés pour 2024, les cours d’empathie ou cours « du respect de soi et de l’autre » devront permettre de lutter, notamment, contre le harcèlement scolaire. C’est la nouvelle mesure annoncée par le ministre de l’Éducation nationale après le suicide d’un adolescent à la rentrée. En quoi vont-ils consister ? Difficile de le dire encore avec précision, mais « ces compétences feront désormais partie officiellement des savoirs fondamentaux de l’école », explique Gabriel Attal. En d’autres temps, on appelait ça des cours de catéchisme…
Terrorisme islamiste
Difficile d’appeler les choses par leur nom. L’attaque odieuse subie par Israël de la part des terroristes du Hamas le 7 octobre dernier aura au moins permis de lever le masque sur la France insoumise et ses amis. À l’Assemblée, la position de Mathilde Panot a provoqué des tollés en ce qu’elle refusait d’utiliser le mot « terroriste » pour qualifier les agissements du Hamas. Pour Danièle Obono, il s’agit ni plus ni moins d’un « mouvement de résistance »… Il faut dire que les députés LFI, rameau d’olivier à la boutonnière, tentaient d’expliquer qu’ils plaidaient pour la paix en mettant en avant la cause palestinienne. Clientélisme, quand tu nous tiens…
À la niche
Une fois par an, chaque groupe politique bénéficie d’une journée pendant laquelle il met à l’ordre du jour les textes de son choix. Le 12 octobre, c’est la niche du Rassemblement national. La journée commence par une proposition de loi pour lutter contre l’endométriose, cette maladie gynécologique qui touche environ une femme sur dix dans le monde. Bérengère Couillard, ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations, s’est exprimée ainsi quelques jours avant son examen : « J’ai pour principe politique de refuser toutes les lois qui viennent du RN. »Et d’ajouter q u’elle était même« totalement » favorable à prendre un décret sur le sujet qui pourrait« contrer » la démarche du RN. Bravo ! Applaudissez tous ! Car sachez-le, madame la ministre, pour « contrer » le Rassemblement national, est prête à faire… son travail ! On croit vraiment rêver… ou cauchemarder.
Féminisme
Même journée, même niche, mais cette fois, nous examinons un texte visant à interdire l’écriture inclusive. Les débats traînent en longueur. Mais j’arrive finalement à rire (nerveusement, je l’avoue) en entendant une autre députée écologiste (eh oui, encore eux !) nous avouer à la tribune qu’elle rêve de voir les « hommages » se transformer en « femmages »… Je ne suis pas certaine qu’elle ait bien saisi l’étymologie du mot puisque, initialement, « hommage est un terme féodal qui désignait l’acte par lequel un vassal se déclarait l’homme de son seigneur et s’engageait à le servir, en échange de la protection de celui-ci ». Pour une féministe, ça la fout mal, non ?
Retournement de veste
Je ne résiste pas à une dernière petite méchanceté en rappelant que le parti du président Macron avait lui aussi porté, sous la précédente législature, une proposition de loi visant à… interdire l’écriture inclusive. Mais voilà, pas question de voter pour un texte du RN ! La consigne est donc tombée : il faut maintenant défendre l’écriture inclusive ! Finalement, j’adore la politique !