La start-up GreenSheep a installé « Richard » et « Anthony » au bord des voies. Une bonne idée. Jusqu’au drame…
À Paris, deux moutons d’Ouessant regardent passer les trains sur le talus de la ligne SNCF Saint-Lazare-La Défense. Depuis cet hiver, Richard et Anthony coulent des jours paisibles au niveau de la rue Legendre (17e arrondissement), où les a installés la start-up GreenSheep pour la modique somme de 4 000 euros sous la houlette d’un certain « Jojo le berger ». Bien sûr, les bobos des Batignolles s’extasient, fascinés : « Ô des chèvres ! » Et lorsqu’on les corrige : « Des moutons ? Mais pour nous, c’est la même chose ! » Le spectacle de la faune paissant près du bitume ravit petits et grands.
Les moutons de Paname
Jusqu’au drame : vendredi 24 mai, sur le coup de 13 h 30, l’un des deux moutons se coince une corne entre un fil de fer et la cabane en plastique qui lui sert d’abri. Un attroupement se forme. Impuissants, les croquantes et les croquants improvisés ne peuvent enjamber la clôture de barbelés haute de deux mètres. Quelques-uns appellent les pompiers pour s’entendre dire que le 18 ne répond pas du sort des bêtes. D’autres composent le numéro de téléphone de GreenSheep inscrit sur la grande pancarte qui vante leur action écolo. Encore raté : ils tombent sur une boîte vocale ! Certains s’essaient au SMS et reçoivent ce qui ressemble fort à une réponse automatique : Jojo le berger est prévenu et va intervenir. Peut-être est-il arrivé depuis… mais sans se presser. En désespoir de cause, d’aucuns joignent la mairie d’arrondissement, dont les compétences ne concernent ni de près ni de loin la protection des moutons transplantés au bord des voies.
À force de harcèlement téléphonique, les pompiers de la rue des Batignolles finissent par débarquer. Sans un regard ni un bonjour, ignorant les remerciements qui fusent, ils libèrent l’animal. Bref, tout est bien qui finit bien, y compris pour Jojo le berger, aussi insaisissable que Jojo lapin.