Selon le criminologue Xavier Raufer, l’agressivité croissante de nombreux Algériens de France envers leur pays d’accueil ne doit pas être confondue avec la crise diplomatique ouverte entre Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron. Que ce soit chez eux ou chez les autres, les régimes autoritaires n’aiment jamais le désordre
Jean-Baptiste Roques. D’où vous vient votre connaissance de l’appareil d’État algérien ?
Xavier Raufer. À l’Institut de criminologie de Paris, où j’ai enseigné pendant près de vingt ans, j’ai eu beaucoup d’étudiants des pays du Maghreb, dont des Algériens. Certains sont devenus des hauts cadres de l’appareil régalien de leur pays. J’ai gardé le contact avec plusieurs d’entre eux. Et puis je me suis souvent rendu à Alger, pour des conférences et des échanges, et j’ai ainsi tissé des relations de qualité avec des personnalités du pouvoir, certaines de haut niveau.
Le « pouvoir », dites-vous, comment s’organise-t-il ?
J’y distingue, pour aller vite, trois cercles, dominant chacun une époque. Le premier cercle, héritier de l’armée des frontières, les troupes de Boumediène, a joué un rôle crucial vers la fin de la guerre d’indépendance. Sa conception du nationalisme algérien est plus patriotique que révolutionnaire. Ses chefs sont souvent issus du corps des sous-officiers de l’armée française. Dans la génération suivante, le deuxième cercle
