Pour le 51ème anniversaire de la mort du général de Gaulle, on signale un gros embouteillage à Colombey-les-Deux-Églises !
Le Premier ministre Jean Castex, l’ensemble des candidats au Congrès LR (accompagnés de leur chef du parti, Christian Jacob), le chef des “Patriotes” Florian Philippot, le président de “Debout la France” Nicolas Dupont-Aignan et même la socialiste Anne Hidalgo : ils se sont tous déplacés. Des séquences se voulant solennelles, devant les journalistes et leurs caméras, nous permettent de voir ces géants politiques actuels déposer avec émotion une gerbe à la mémoire du grand homme ! Seule Marine Le Pen a fait bande à part, prononçant un discours sur nos institutions à Bayeux, non loin des plages du débarquement allié.
Un défilé électoraliste
“C’est un défilé électoraliste”, s’est indigné Jean-Max Gettmann, président de la Maison De Gaulle à Nancy. Il est vrai que nombre des gaullatres d’aujourd’hui appartiennent à des courants politiques qui l’ont, en son temps, accusé d’être un dictateur, un putschiste (on évoquait alors « le coup d’État permanent »), voire un fasciste ! Ou, s’agissant du FN, un traître qui avait abandonné l’Algérie.
À Colombey, après Jean Castex, on a vu le ban et l’arrière-ban du parti supposément gaulliste (les LR), Florian Philippot, Nicolas Dupont-Aignan et même Anne Hidalgo (!). On comprend mal ce que la maire de Paris, volontiers complaisante avec les woke et déconstructeurs de tous poils, trouve à un homme qui disait à Alain Peyrefitte : « Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne. Qu’on ne se raconte pas d’histoires ! Les musulmans, vous êtes allés les voir ? Vous les avez regardés avec leurs turbans et leurs djellabas ? Vous voyez bien que ce ne sont pas des Français ! » Aujourd’hui, la madone du vélo et des J.O. dégaine le mot “nauséabond” pour bien moins que ça…
Seul Eric Zemmour refuse à droite de participer à ce De Gaulle Circus. Bien sûr, à l’extrême gauche non plus, on ne s’est pas déplacé : l’extrême gauche mélenchoniste n’aime pas la Ve République.
Est-ce alors une pure mascarade électorale?
Pas seulement. Certes, les candidats qui défilent veulent tous toucher les écrouelles à distance, profiter, comme par contagion, de l’immense popularité du général. Mais il y a aussi, chez tout le monde, quelque chose de plus profond.
Pour tous les Français, De Gaulle n’est pas seulement le nom d’une nostalgie, celui d’un temps où la France était unie et se croyait puissante. De Gaulle est celui qui a fait passer une déroute militaire pour une victoire, ce qui est tout de même très fort. C’est aussi un remords, une mauvaise conscience. Ce que nous ne sommes plus. L’inscription dans une histoire pluricentenaire que nous laissons criminaliser, l’amour d’une langue que nous torturons, la passion des grands auteurs que nous cessons de transmettre. C’est l’histoire d’une grandeur que nous n’osons même plus désirer, parce qu’elle contrevient à notre rêve égalitariste.
Imagine-t-on le général de Gaulle déclarer que la culture française n’existe pas?
Le 10 novembre 1970, Georges Pompidou affirmait à la télévision que le Général de Gaulle étant mort, la France était veuve. 51 ans plus tard, les Français sont toujours orphelins, même ci ce sont eux qui ont tué le père.
Cette chronique a initialement été diffusée sur Sud Radio
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