Fiers de leurs nombreux prix Nobel[1. Prix Nobel dont seulement deux des lauréats vivaient en Hongrie (le biologiste Szent-Györgyi et l’écrivain Kertész), les quelque 12 autres émanant de la diaspora, essentiellement américaine.], les Hongrois passent pour être un peuple particulièrement doué en matière de créativité et d’invention. Cela a été mille fois démontré, tant sur le plan des arts que des sciences (cf. le fameux Rubiks’Cube ou l’invention du stylo à bille).
Mais aujourd’hui, j’avoue que les Hongrois forcent notre admiration et se surpassent au-delà de toute attente. Je pense aux trouvailles de leurs dirigeants actuels, notamment en matière de fiscalité…
Je ne sais ce que François Hollande et Jean-Marc Ayrault préparent aux Français, mais je doute fort qu’ils puissent rivaliser, même de loin, avec leurs homologues magyars. Enfin… le défi est lancé !
Nous avions déjà eu un avant-goût de cette créativité avec la fameuse taxe sur les chiens (ebadó) dont le montant aurait été fixé en fonction de la dangerosité de l’animal, et dont eussent été exonérés les chiens de pure race hongroise (alors qu’ils sont les plus agressifs !). Bien que la loi fût votée, son application avait été mise de côté, car trop compliquée à mettre en pratique…
Aujourd’hui, j’aimerais rendre un vibrant hommage au maire de Budapest, István Tarlos, un proche du gouvernement.
Son premier projet, dit taxe-bouchon (dugódíj), était d’instaurer un péage pour les véhicules accédant au centre-ville, initiative qu’il veut maintenant transformer en péage pour traverser les ponts de la capitale[2. Au nombre de sept, qui relient sur le Danube les deux villes de Buda/Óbuda, rive droite résidentielle, et de Pest, rive gauche des affaires]. Pour le coup, je me pose des questions… Après tout, on prétend que ça se fait à New York. Peut-être, sauf que la configuration n’est absolument pas la même (taille de la ville, nombre et longueur des ouvrages).
Mais sa plus belle trouvaille date de quelques jours (car ils en sortent à peu près une par semaine, à notre plus grande joie) : une taxe sur tous les produits en vente dans la capitale qui portent les noms de « Budapest », « Buda », « Pest » ou « Pest-Buda » (t-shirt, vases, assiettes, autocollants, etc.). Seront également taxées les entreprises et formations artistiques qui utilisent le nom de Budapest dans leur raison sociale (telle ma banque, la Budapest Bank). L’argument : ces noms, comme pour une marque de luxe, ont une connotation prestigieuse qui aide à la vente. Taxe prévue: 100 forints – 35 ct – par objet et 750 000 forints – 2 700 euros – par raison sociale. Montants qui peuvent paraître faibles mais le sont moins dans le contexte local.
Peut-on imaginer cela à Paris, Vienne, Rome ou à Venise ? J’en doute. A vrai dire, peut-être faut-il mettre cela sur le compte de la canicule qui sévit actuellement à Budapest (à moins que ce soit moi qui en sois victime, à vous de juger…)
PS : et je me pose une question : il y a des gens qui portent le nom de Buda, comme vous trouverez dans l’annuaire parisien des M. et Mme Paris. Quid de leur cas ?
*Photo : http://newshopper.sulekha.com
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