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« Cela ne ressemble pas au DSK que je connais »


image : gunthert (Flickr)

Depuis l’affaire dite de la Porsche, le grand-public savait que Dominique Strauss Kahn disposait d’un staff conséquent de conseillers et de communicants – cela fait belle lurette que les journalistes n’en ignorent rien. Les événements de New York ont prouvé à quel point ils étaient compétents. Insensiblement, les « éléments de langage », comme on dit dans ce milieu, ont été diffusés, répétés et amplement relayés. Au-delà de l’incontournable – et néanmoins légitime – référence à la présomption d’innocence, la pierre angulaire du discours choisi par les spin doctors de DSK, c’est l’incrédulité.

Depuis dimanche matin, de Jean-Marie Le Guen à Jean-Christophe Cambadélis en passant par le biographe autorisé Michel Taubmann, combien de proches a-t-on entendu rabâcher la même phrase : « Cela ne ressemble pas au DSK que je connais » ? Techniquement, l’idée est simple mais forte : marteler l’incompatibilité entre le profil psychologique et les faits.

Séducteur oui, violeur non. Une fois ce présupposé acquis, le complot que d’aucuns soupçonnent entre les lignes prend alors un début d’épaisseur. Qui veut faire tomber le patron du FMI? Les Américains, les Allemands, les Russes, les Grecs, l’Elysée ? Quelle que soit la pseudo-piste, l’angle choisi est le bon car il découple la réputation de DSK des faits et le dossier s’en trouve, de ce fait, très allégé.

Seulement voilà, à peine cet axe ébauché, patatras !, un autre dossier sort ou plutôt ressort. Celui de Tristane Banon (journaliste et filleule de la deuxième épouse de DSK) qui se plaint d’une agression sexuelle commise en 2002. En 2007, elle avait évoqué l’épisode sur Paris Première dans le cadre de l’émission « 93, Faubourg Saint-Honoré » animée par Thierry Ardisson sans que le nom de DSK, qu’elle qualifie de « chimpanzé en rut », fût cité à l’antenne (il a été couvert par un bip).

On voit tous les convives réunis par le présentateur autour de sa table écouter Tristane Banon relater sa version des faits sans qu’aucun ne semble surpris, heurté ou gêné par ce déballage, y compris lorsque la jeune femme indique : « Il a voulu que je lui tienne la main pour répondre, puis le bras… On a fini par se battre (…) on sʼest battus au sol (…) jʼai donné des coups de pied, il a dégrafé mon soutien-gorge, il a essayé d’ouvrir mon jean. (…) Quand on se battait, je lui avais dit le mot « viol » pour lui faire peur, ça ne lui a pas fait peur plus que ça, comme quoi apparemment il était habitué. »

Ce dossier englouti est aujourd’hui ramené à la surface par la mère de Tristane Banon, Anne Mansouret, élue socialiste de Haute-Normandie et candidate aux primaires, qui se dit très culpabilisée d’avoir dissuadé sa fille dʼintenter une action en justice à lʼépoque du chef d’agression sexuelle. La description des faits est similaire en tous points à celle de la plaignante américaine.


DSK et Tristane Banon (15/05/2011) par JaneBurgermeister

Thierry Ardisson considère d’ailleurs que le rapport de DSK aux femmes est pathologique ou compulsif, de l’ordre du sex-addict. Anne Mansouret, quant à elle, ne dit pas autre chose: « Pour moi, Dominique Strauss-Kahn est malade. Ce nʼest pas une injure de dire cela, il a un vrai problème: une addiction au sexe, comme dʼautres ont des soucis avec lʼalcool, la drogue ou le jeu. Il est malade. Sur les faits eux- mêmes, je ne peux pas me prononcer, je nʼy étais pas. Mais pour moi, cʼest très plausible que cette femme ait été agressée sexuellement. En revanche, je suis formelle, il a bien tenté dʼabuser de Tristane. »

À bien y réfléchir, le choix d’axer la défense sur le profil psychologique de DSK – décrété par les siens comme incompatible avec les inculpations -, n’est peut-être pas le plus judicieux. Oserait-on dire que les faits sont têtus?



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Avocat et chroniqueur radiophonique occasionnel à Paris. Catalan d’origine, fait du <em>stand-up-paddle</em> sur l’Océan. Ne participe pas à la guerre des pro-Méditerranée contre les pro-Atlantique.

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