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French Pride aux Pyramides


Quelques milliers de militants frontistes, journalistes et simples curieux se massaient dimanche 1er mai devant la statue de Jeanne d’Arc pour entendre le traditionnel discours du Front National. Après le congrès de Tours, fait politique nouveau, c’était au tour de Marine Le Pen de faire son baptême du feu. Coincée par une actualité chargée (l’assassinat du fils cadet de Kadhafi et la béatification de Jean-Paul II), la « peste blonde » était attendue au tournant. Le public bigarré de l’événement mêlait des jeunes au look parfois bobo, des familles venues avec leurs enfants et quelques bons bourgeois flanqués d’un T-shirt La France bleu marine.

Bilan des courses : un discours mi- figue mi-raisin dont l’axe central – les libertés publiques- ne fâchait personne, ultralibéraux d’hier comme assimilationnistes d’aujourd’hui. Après un prologue poussif sur « Sainte Jeanne » comparant les Bourguignons d’antan à des « collabos » prêts à brader la souveraineté de la France, le décor était planté. Suivit une longue litanie des maux contemporains (l’OTAN, l’euro, le libre-échange, l’immigration, le communautarisme) puis un inventaire de références à la Prévert.

En vrac, Victor Schœlcher, Condorcet et De Gaulle furent convoqués pour étayer la synthèse-maison entre Nation et République. Avec des sorties comme : « qu’on soit homme ou femme, hétérosexuel ou homosexuel, chrétien, juif, musulman ou non croyant, on est d’abord Français ! », il y avait de quoi satisfaire le versant républicain du marinisme qui fait tant parler de lui. Pour un peu, Marine ferait assaut de consensualisme. De quoi s’acheter les bonnes grâces de l’électorat mainstream, encore apeuré par l’image des skinheads aux bras tendus ?
N’empêche, toute l’ambiguïté de la mutation républicaine du verbe frontiste se retrouve dans la formule bizarroïde de « nation politique et charnelle » et la place déléguée à un Jean-Marie Le Pen, reconverti en modeste DJ ès chants patiotiques.

Alors, ce Front, un parti (presque) comme les autres ? Comme dirait Mike Brant, qui saura… ?



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Journaliste et syndicaliste, Manuel Moreau est engagé dans le mouvement social.

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