Bachar el-Assad tient parole. Dans son discours de mercredi dernier, il avait promis du changement. En conséquence de quoi ce dimanche, il a investi un nouveau premier ministre. L’heureux nommé est M. Adel Safar, qui détenait jusqu’à dimanche matin le portefeuille de l’agriculture. Cet ancien élève de l’École Nationale Supérieure d’Agronomie et des Industries Alimentaires de Nancy était en poste depuis 2003 et occupait donc une place de choix pour regarder de près son effondrement.
Pour 2010 par exemple, M. Safar avait prévu un récolte de 4 millions de tonnes de blé mais à la fin de l’année, il a lui-même revu ses prévisions à la baisse : les céréaliers syriens n’ont produit finalement que 2.4 tonnes, loin, très loin des besoins du pays qui consomme 3.6 millions de tonnes par an.
La sécheresse et un champignon qui sévit dans la région (« la rouille ») sont évoqués pour expliquer le désastre mais si on ajoute les résultats décevants du secteur du coton, qui emploie 20% de travailleurs syriens (récoltes 25% moins importantes que prévu), l’étendue du problème, ainsi que ses possibles répercutions politiques sont évidentes.
Ce qui l’est beaucoup moins, c’est le choix de celui qui était chargé pendant huit ans d’un domaine d’activité visiblement sinistré pour sortir le pays d’une crise politique grave. Mais peut-être le président Assad espère que M. Safar aurait sur la contestation dans son pays la même influence qu’il avait sur l’agriculture ces dernières années…
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