La laïcité, c’est un droit. Même pour les enfants de Chanteloup les Vignes. Même pour les salariés du privé. En validant le licenciement d’une employée de la crèche Baby Loup qui refusait d’ôter son voile, le Conseil des Prud’hommes de Mantes la Jolie vient de donner un sacré coup de main à tous ceux qu’inquiètent les abandons de la République face aux revendications identitaires, à commencer par celles des islamistes qui prétendent, sous couvert de liberté de croyance, imposer leur loi à des populations reléguées dans des quartiers pudiquement dits difficiles et, de plus en plus, aux entreprises de notre pays. Par crainte d’être accusées d’islamophobie, celles-ci préfèrent souvent composer avec les demandes d’aménagements motivées par les pratiques religieuses – ou payer. Or, jusque-là, de grands esprits comme Louis Schweitzer, ancien président de la Halde et ex-patron de Renault, estimaient que les entreprises et autres institutions de droit privé ne pouvaient se prévaloir de la laïcité, comme si celle-ci ne devait avoir cours que dans l’enceinte des administrations.
Il n’est pas anodin que ce jugement très attendu ait été rendu par un Conseil des Prud’hommes implanté au cœur d’une banlieue ouvrière où chômage et islamisme ont progressé de concert. Si les juges du travail rendent, comme tous les autres, la justice au nom du peuple français, ils sont aussi les élus, sinon du peuple lui-même, du moins des partenaires sociaux. En faisant preuve du courage qui fait défaut à tant d’autres, en rappelant que la France, si elle accepte tous les individus, a le droit de refuser certaines pratiques, c’est à l’ensemble des citoyens de ce pays qu’ils ont rendu un insigne service. Et au passage, ils ont rassuré tous ceux qui redoutent que la défense de la laïcité soit abandonnée au Front national.
Les Conseillers savaient que leur décision aurait une portée symbolique allant bien au-delà du droit du travail. Devant une salle comble dans laquelle il avait autorisé les caméras, mais en l’absence de la plaignante et de son avocate, le Président Alain Dalencourt a lu tous les attendus d’un jugement motivé avec précision et qui, selon Louis Gayon et Richard Malka, les avocats de cette crèche associative ouverte 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24, fera jurisprudence. Il faut en tout cas espérer que les magistrats qui devront, à l’avenir, trancher dans des conflits de cette nature, auront le courage de résister à l’air du temps. Au moins ne pourront-ils plus s’abriter derrière le droit pour accepter que l’on sape nos valeurs.
C’est d’abord parce que, conformément à l’article I de la Constitution, « la France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale » qu’un employeur peut exiger de ses salariés le respect de la neutralité qui fonde le « vivre-ensemble » à la française. Au passage, le magistrat a rappelé que la Halde, qui avait jugé le licenciement discriminatoire, allait revoir le dossier…tout en précisant que ses décisions ne s’imposaient nullement aux tribunaux. Et toc. Ce rappel est salutaire, tant pour la Haute autorité qui aimerait bien s’ériger en véritable juridiction, que pour tous les juges qui se laissent intimider par ses prises de position. Peut-être adoptera-t-elle désormais une définition de la liberté religieuse moins extensive et plus conforme à notre droit.
Devant le Tribunal, quelques jeunes musulmans excités proféraient insultes et menaces, dénonçant le lobby sioniste et les musulmans « traitres à la cause » pour proclamer que « l’islam est la solution ». Preuve, s’il le fallait, que les agissements des islamistes ne sont pas un fantasme d’islamophobes ou de réacs mal embouchés. Hier, à Mantes la Jolie, la République a remporté une bataille. Elle n’a pas encore gagné la guerre.
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