Le Slovaque n’est pas prêteur, c’est là son moindre défaut… Pour les nuls en géo qui confondent régulièrement la Slovénie, République alpine ex-yougoslave et la Slovaquie issue de la scission de velours de la Tchécoslovaquie en 1992, précisons que les premiers sont des fayoteurs au sein de L’UE, et les seconds des têtes de cochon qui aiment bien se friter avec Bruxelles.
En juillet, Iveta Radicova, dirigeante du principal parti de droite, accédait au poste de chef du gouvernement à Bratislava, capitale de la Slovaquie, que certains nostalgiques de l’époque des Habsbourg s’obstinent à appeler Presbourg, juste pour faire enrager les Slaves et les Magyars qui peuplent cette charmante cité danubienne.
[access capability= »lire_inedits »]Avant les élections législatives, le parlement slovaque avait voté un texte refusant toute contribution du pays au sauvetage économique de la Grèce. Cet accès de pingrerie ne met nullement en danger l’opération de sauvetage financier des héritiers de Platon, car la contribution slovaque s’élevait à 800 millions d’euros, moins de 1 % du total des fonds mis par l’UE à la disposition d’Athènes.
À la surprise générale, Iveta Radicova n’a pas remis en cause cette décision prise par une assemblée où son parti était dans l’opposition. Et comme elle a la fraîcheur et l’allant des débutants dans l’univers impitoyable de la scène politique européenne, elle n’a pas enveloppé l’affaire dans le charabia diplomatique habituel : les Grecs sont des tricheurs et il n’y a aucune raison que la Slovaquie, qui a serré sa ceinture de plusieurs crans pour entrer dans l’euro, sorte le moindre centime pour les cigales hellènes. C’est, en substance, la réponse adressée au commissaire européen compétent, Olli Rehn, qui sommait Bratislava de passer la monnaie. Pour se faire bien comprendre, Iveta la Slovaque ne manqua pas de faire remarquer au Finlandais Olli qu’elle ne se laisserait pas remonter les bretelles par quelqu’un qui n’était même pas élu sans réagir.
Elle refuse de se coucher devant Olli
Olli exigea des excuses et demanda à une autre fille, Angela Merkel, de persuader Iveta de faire amende honorable. Sans succès. Le Slovaque, c’est bien connu, est un sacré cabochard, tout le contraire du Tchèque qui est passé maître dans l’art de ruser et de faire l’idiot pour défendre ses intérêts. Iveta a déjà, avec cette affaire, gagné le surnom de la Maggie Thatcher d’Europe centrale. On attend avec gourmandise ses prochaines aventures.[/access]
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