Christian Montignac vient de mourir. Il fut le premier des nouveaux gourous du diététiquement correct au mitan des années 80. Le premier, aussi, à faire fortune en exploitant à fond le créneau. La rondeur devenait obscène mais, dans le même temps, on voulait le beurre et l’argent du beurre et continuer à manger sans grossir. Je mange donc je maigris, publié par Montignac en 1987, fut donc le nouveau cogito de l’hédonisme trouillard fondé sur l’alimentation dissociée : « Mange une entrecôte ou bien mange des frites mais jamais les deux ensemble. » Traduit en vingt cinq langues (mais pas en langue de bœuf sauce piquante), Montignac s’adressait surtout en fait aux cadres sup qui abusaient des repas d’affaires. Il a néanmoins inauguré une tyrannie qui prohibe d’aimer les femmes callipyges et nous enjoint d’identifier santé de fer et fesses de garçon.
De toute façon, maintenant, les cadres n’ont plus le temps de manger, juste celui de se suicider entre deux délocalisations ou restructurations menées par des managers qui se méfient de la mauvaise graisse. Quant à Christian Montignac, il est mort à 66 ans. C’est jeune pour quelqu’un qui voulait rallonger l’espérance de vie. Même pas l’âge de la retraite dans la France d’Eric Woerth.
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