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Pourquoi j’aime le Tour


Pourquoi j’aime le Tour

Déjà, parce qu’on n’imagine pas Hinault ou Indurain faisant de la pub pour Eurodisney ou McDo. Incarnation du succès acquis par l’effort, le vélo est antimoderne par essence.

Parce qu’aussi on ne voit jamais un cycliste chez Régine, à Saint-Trop’ ou en couverture de Gala : le cycliste se couche tôt, part en vacances à Quiberon et ne plaque pas sa femme pour un top model sitôt qu’il est devenu vedette.

Parce que, sur une étape de montagne, ni le commentaire benêt de Richard Virenque, ni les sourires forcés de Gérard Holtz – qui visiblement préfère le Dakar – n’arrivent à me gâcher le plaisir. Et durant les étapes de plaine, on peut toujours se rabattre sur la splendeur du paysage et les enluminures érudites de Jean-Paul Ollivier sur l’abbaye de Fontrevaud ou le Viaduc de Garabit. Essayez donc de faire pareil avec Roland-Garros…

Parce que la Grande Boucle a généré plusieurs petits chefs d’œuvre du rock’n’roll et notamment Tour de France de Kraftwerk, et le Jalabert des Wampas.

Parce qu’avant d’avoir été cycliste, le coureur a souvent été métallo à Dunkerque ou soudeur à Glasgow, et qu’il ne rate jamais une occasion de rappeler, avec un bon sourire que le vélo, c’est très dur, mais c’est quand même plus marrant et plus gratifiant que de limer la tôle.

Parce que personne n’est fichu de citer le nom d’un gardien de but des années 1940, d’un triple champion de ski nordique aux J.O. de Sapporo ou d’un marathonien qui arrivait régulièrement en deuxième position. Mais qui a oublié Fausto Coppi, Eddy Merckx ou Raymond Poulidor ?

Parce que le vélo est le sport le moins chauvin qui soit. Depuis vingt ans, il n’y a pas eu un seul indigène à même d’emporter le Tour. Ça n’empêche pas, chaque année, trois ou quatre millions de Français d’en bas de se masser au bord des routes.

Parce que, quand Lance Armstrong terrasse son cancer, il ne signe pas un best-seller gnangnan pour expliquer qu’il y a une vie après la maladie. Il se contente de gagner sept fois le Tour.

Parce qu’enfin le dopage n’est pas un vrai problème. On peut gaver Roselyne Bachelot d’EPO pendant dix ans, elle aura toujours besoin (et moi aussi) d’un tire-fesses pour arriver saine et sauve à l’Alpe d’Huez.

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De l’Autonomie ouvrière à Jalons, en passant par l’Idiot International, la Lettre Ecarlate et la Fondation du 2-Mars, Marc Cohen a traîné dans quelques-unes des conjurations les plus aimables de ces dernières années. On le voit souvent au Flore.

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