Toujours à la recherche d’une activité futile, je me suis passionné hier soir pour une discussion lancée sur l’excellent site, disons joyeusement post-réactionnaire, I like your style. Pour aggraver mon cas, je préciserai qu’il s’agissait d’une digression dans le fil, lequel concernait au départ la photo d’un imposant fourneau de cuisine en fonte, les gens d’ILYS se passionnant hélas souvent pour des sujets moins dignes d’intérêt que la carrière de Laurence Ferrari ou le prix du gasoil à la pompe. Cette digression, donc, portait sur un détail de la photo où, à la droite de la cuisinière, on distinguait à l’évidence un drapeau américain, et caché derrière, à peine visible, le bout d’un autre oriflamme, beaucoup moins aisément identifiable. Il y avait néanmoins un indice, une étoile à sept branches (personne n’est parfait) sur fond rouge. Ces gens-là se passionnaient donc pour trouver d’où pouvait bien venir ce fichu morceau de tissu, jusqu’à ce qu’un internaute apparemment de race corse, répondant au pseudo de Sampieru suggère que le drapeau en question était le « Red Ensign » australien, autrefois emblème officiel du pays des kangourous et de Kylie Minogue, et désormais réservé à l’usage des seuls navires marchands, le drapeau officiel étant désormais le « Blue Ensign », c’est-à-dire le même, mais sur fond bleu.
Emballé à l’idée de jouer les mouches du coche, je me suis donc intéressé dans mon coin au mystérieux drapeau derrière le Stars and Stripes (certains indigènes l’écrivent avec deux majuscules, d’autres non). A priori, la piste de l’ex-drapeau officiel australien me paraissait la bonne, les étoiles à sept branches étant un quasi-monopole de la terre d’asile de Simon Leys, mais allez savoir… La requête Google « seven points star » ne débouchant sur rien de très pertinent, j’ai recherché les sites faisant autorité en matière de « vexillologie » – avant même de commencer ma quête, j’avais déjà appris un nouveau mot, toujours ça que les Boches n’auront pas… Finalement j’arrêtai mon choix sur le site US Flags Of The World, qui me semblait au poil. Puis dans mon anglais pataud, mais bankable j’envoyais, à tout hasard, un petit mot à l’animateur dudit site, accompagné de la fameuse photo de cuisinière. Quelques heures après, je recevais la réponse suivante :
« Bonjour, mon ami, Excusez-moi pour mon pauvre francais… j’etude votre bel langue pour cinq ans (2 en l’universite), mais, je ne souviens pas beaucoup de mots… Ce drapeau – est-ce que un drapeau rouge, avec le « Union Jack » ? Australian ensign ? Ici. Thank you for being patient with my French. I used to know more, but it is sad that there are few French speakers in Southern California. By the way, my daughter was born on July 14 – Bastille Day! I fly your flag on her birthday ! Bon nuit ! Votre ami,
Edward »
Cette missive me semble appeler plusieurs commentaires.
Primo, les résultats de Southern California et de Northern Corsica sont identiques. A moins d’un sombre complot désinformateur américano-paoliste, la piste australienne semble donc être LA bonne.
Secundo, vous, je ne sais pas, mais moi, je suis ému par ce mec qui répond aussi prestement, gentiment et savamment à un casse-pieds inconnu ; les Américains ne seraient-ils donc pas tous des monstres égoïstes, Sean Penn excepté ?
Tertio, la cybervexillologie, c’est rigolo : grâce à Flags Of The World, je vais pouvoir imprimer en format A4 tous les drapeaux dont j’ai besoin. A cet effet, en ce matin du vendredi 13 juin, j’ai planté deux mâts (en vrai, des ci-devant manches à balai) dans mon jardin. Le premier me servira (peut-être) à arborer dès cet après-midi les couleurs irlandaises. Quant au second (quoi qu’il arrive) je vais y hisser tout de suite, en l’honneur du match France-Hollande, un beau drapeau bleu blanc rouge – rayures horizontales, cela va de soi !
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