Prostitution: faut-il castrer les clients?


Prostitution: faut-il castrer les clients?

Laurence Rossignol. Sipa. Numéro de reportage  : 00745922_000044.

Les chants de Madame Rossignol n’ont rien de bucolique. Ils ne mettent pas en scène des bergers et des bergères, mais des prostituées et des mâles éhontés. L’adoption d’une loi dite de « pénalisation du client » est une duperie morale. Sur son bâton de perroquet, la voix surchargée du« catalogue pompeux des droits de l’homme » (Marx), notre ministre des Droits des femmes débite le psittacisme moderne : « Acheter, louer, ou vendre le corps des femmes est un obstacle majeur à l’égalité entre les femmes et les hommes. »

Si cette loi entend protéger entre 20 000 et 40 000 prostituées, doit-on élargir son périmètre d’application à tous les sites de rencontres ? Le logo du site AdopteUnMec ne représente-il pas une femme poussant un homme tombant dans un caddie ? Ce supermarché des femmes est-il aussi passible d’une amende comprise entre 1 500 et 3 750 euros comme le prévoit la loi ? Aux réponses apportées à ces questions, Mme Rossignol dévoilerait sans peine les arrière-pensées de son texte. Les unes seraient des consommatrices d’hommes ; les autres seraient consommées par les hommes. Le ministre ratiocinerait sur la différence entre la liberté de choisir des unes face à la soumission des autres. Notre féministe nationale se montrerait alors sous son vrai jour : une bigote animée de vieilles rancœurs contre le masculin.

Sous ses airs d’indignation, la représentante officielle des Droits des femmes et… des Familles cache habilement sa dague. Elle souhaite, en réalité, défendre l’égalité des sexes pour mieux déverser des bataillons de femmes dans le salariat moderne. Elle est prête à donner du lait estampillé « Liberté » pour produire des caissières ou des dirigeantes de grandes entreprises ! Peu importe qu’elles aient perdu leur pudeur, leur mari, leur élégance, et leurs enfants dans les rouages de ce système mortifère. Elles sont libres ; la femme est un homme comme les autres ; l’homme est une femme comme les autres !

Une situation tragique où Mme Rossignol est simplement le porte-parole du Capital, devenu presque le seul médiateur des rapports sociaux. Et les chiffres parlent d’eux-mêmes. Aujourd’hui, un Français sur cinq s’est déjà inscrit sur un site de rencontre, selon l’Institut national d’études démographiques. Une aubaine pour Alexandre Lubot, directeur général de Meetic, tout heureux « d’annoncer que janvier 2016 s’impose comme le meilleur mois de notre histoire. Les inscriptions ont grimpé de 30% en France et de 20% en Europe », lors d’un entretien accordé à la Tribune.

En témoigne aussi les 300 péripatéticiennes des trottoirs de Belleville, passées du statut de prolétaire dans les centres de production du Nord-Est de la Chine au service des desiderata consuméristes du Vieux Continent, à travailleuses du sexe pour satisfaire d’autres désirs après la fermeture de leurs usines. Une délocalisation forcée, liée à la globalisation, où tout le monde est susceptible de devenir un jour de la chair à canon. Pour lutter contre ces injustices, Mme Rossignol est-elle prête à devenir une farouche opposante au marché mondial pour libérer la femme ? Non. Bien au contraire, par son idéologie, notre chère ministre prône la même logique, celle de la destruction du genre et de l’individualisation des corps ; celle d’un homme devenu un loup pour la femme ; celle d’une femme devenue le jouet des griffes d’une bête bien plus féroce : le Moloch.



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est journaliste.

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