Le sénateur du Vermont Bernie Sanders a accepté l’invitation du Vatican à la conférence pontificale des sciences sociales fin avril. Dans une interview accordée au New York Times vendredi dernier, le candidat socialiste aux primaires démocrates a souligné que le pape François jouait un rôle fondamental en élevant les consciences à travers le monde, et pas seulement à l’intérieur de la communauté catholique : « Pour moi, c’est une réelle source d’honneur et d’enthousiasme d’avoir été invité pour parler à une conférence majeure au Vatican pour réfléchir aux moyens de construire un monde économique moral, comment s’adresse-t-on aux colossaux niveaux de richesse et aux inégalités de salaire qui existe dans le monde, comment peut-on gérer la crise de l’emploi, l’inactivité ainsi que la pauvreté et comment créer une économie qui fonctionne pour tous plutôt que pour quelques uns ».
Lors de la matinale de MSNBC’s, « Morning Joe », Sanders en a remis une couche : bien qu’il désapprouve les considérations du pape sur le droit des gays et des femmes, il admire le souverain pontife car ce dernier met en avant le problème des inégalités de salaire et le besoin d’une société solidaire.
Question amabilités, le pape n’est pas en reste. Lors du discours de clôture du Synode sur la famille, François s’est fendu d’un mot gentil sur le sénateur du Vermont : « L’expérience du Synode nous a permis de mieux comprendre que les vrais défenseurs (du message chrétien, ndlr) ne sont pas ceux qui soutiennent sa lettre, mais son esprit. Non pas les idées, mais les gens. Non pas les formules, mais la vraie disponibilité de l’amour de Dieu et du pardon » s’est exprimé le pape François, avant de renchérir : « Je vois dans le sénateur Bernie Sanders un homme d’une grande intégrité et de conviction morale qui comprends ces principes et veut véritablement ce qui est le mieux pour tous. »
Mais cette idylle naissante n’est pas sans dangers pour chacun de ses protagonistes. Ainsi le pape s’est-il attiré les foudres des catholiques conservateurs comme le cardinal américain Justin Francis Rigali selon lequel « le pape doit s’en tenir à la religion et rester hors de la politique ». Mezzo voce, le clerc accuse le pontife un peu trop gauchisant à son goût d’être responsable de la perte de foi dans l’Eglise. Et ce n’est pas le journaliste Bill O’Reilly qui prétendra le contraire : le porte-voix de la droite américaine renvoie dos-à-dos Bernie et François comme deux « faux prophètes ». Amen.
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