Elle est la véritable tête pensante du ministère. Nommée en 2014 par Benoît Hamon, ministre ultrafurtif de l’Éducation nationale, Florence Robine dirige la puissante Direction générale de l’enseignement scolaire (Dgesco), ce qui signifie que cette physicienne est chargée d’élaborer « la politique éducative et pédagogique et d’assurer la mise en œuvre des programmes d’enseignement des écoles, des collèges, des lycées et des lycées professionnels ». Autant dire qu’elle contrôle le cœur du réacteur de l’éducation nationale – la ministre, de passage, se contentant d’assurer les relations publiques.
Peu connue, ses rares apparitions en public commencent néanmoins à rencontrer un certain succès sur le web, compte tenu du mépris qu’elle y affiche envers le monde enseignant. Florence Robine ne fait pas dans la dentelle. Venue présenter la réforme du collège à Caen en octobre dernier, elle consacre une petite minute au latin après 1h15 de prise de parole : « Je vous parle un peu du latin ? (elle sourit). Alors le latin, les langues et cultures de l’antiquité… Premièrement, je confirme que nous ne voulons pas détruire la civilisation moderne en supprimant le latin parce que vu l’état du latin à l’heure actuelle, elle serait en situation assez grave, la civilisation moderne ! Je me permets de le dire ! (rires encore) Nous voulons donner au contraire une nouvelle dimension aux langues et cultures de l’antiquité. » Fermez le ban.
Pour l’essentiel, l’intéressée récite par cœur sa vulgate pédagogiste. Des éléments de langage qui empruntent autant au monde du management qu’à la psychologie de comptoir[access capability= »lire_inedits »] : « Instaurer la logique des cycles », « construire de nouvelles compétences », « permettre aux élèves d’être accompagnés en tant qu’eux-mêmes » (!), « augmenter la marge d’autonomie des établissements ».
Pour René Chiche, professeur de philosophie dans l’académie d’Aix-Marseille, « Florence Robine est convaincue que les enseignants, avec leur niveau d’études, sont le principal obstacle à l’école qu’ils veulent construire avec des espèces d’animateurs qui ne sauraient de ce qu’ils enseignent qu’à peine plus que leurs élèves pour animer des séances. Nous sommes dans une situation inédite où l’administratif a pris le pas sur le pédagogique avec la montée en puissance d’une administration telle que la Dgesco qui s’occupe des programmes. »
Cette pédago pure souche, disciple de l’esprit Meirieu n’a ces temps-ci que le mot « socle commun » à la bouche, mais elle affiche des objectifs beaucoup plus ambitieux. Ainsi toujours à Caen, n’a-t-elle pas hésité à asséner à son auditoire : « On n’a pas forcément besoin d’un enseignant pour apprendre. Les enfants apprennent aussi bien entre eux. » Voilà le doux rêve que caressent les experts du ministère : une République sans professeurs.
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