Avec AFP – La composition du nouveau gouvernement Valls vient d’être annoncée. Au quai d’Orsay, pour remplacer Laurent Fabius, désormais président du Conseil constitutionnel, Jean-Marc Ayrault a finalement été préféré à Ségolène Royal que la rumeur donnait pourtant favorite. Comme s’interrogeait Bruno Jeudy, directeur du service politique de Paris Match hier, on se demande bien quelle fibre diplomatique a soudainement saisi l’ancien Premier ministre de François Hollande, que l’on ne savait pas spécialement versé dans les affaires étrangères.
Outre ce petit jeu de chaises musicales entre deux barons du PS, François Hollande réussit une belle opération politicienne en nommant trois écologistes au gouvernement : Emmanuelle Cosse, actuelle patronne des Verts au ministère du Logement, Jean-Vincent Placé au secrétariat à la Réforme de l’Etat et Barbara Pompili secrétaire d’Etat aux « Relations internationales sur le climat ». De quoi envenimer d’autres « relations », celles qu’entretiennent les Verts fidèles au canal historique d’une part et les dissidents comme Placé et Pompili d’autre part. Une sacrée pierre dans le jardin de Cécile Duflot, désormais encerclée à l’extérieur comme au sein d’EELV par ces nouveaux ministres. Comme l’écrivaient les porte-parole du parti hier soir, « les écologistes constatent que si les conditions n’étaient plus réunies pour faire progresser l’écologie en avril 2014 lors de la sortie de Cécile Duflot et de Pascal Canfin du gouvernement, elles ne le sont pas plus aujourd’hui ». Apparemment, Emmanuelle Cosse n’a pas jugé irrévocable la position du PolitBuro.
Il en est un qui, en attendant, doit se frotter les mains : Jean-Luc Mélenchon. Hier soir, il expliquait qu’il se lançait à nouveau dans la course présidentielle parce que Marine Le Pen venait de se déclarer. Plus certainement, le fondateur du Parti de gauche devait savoir que les écologistes allaient succomber à quelques maroquins. En se portant candidat si tôt, il essaye de tuer l’idée d’une primaire à laquelle il ne veut pas se résoudre et indique, dans le même temps, que la contestation du hollandisme à gauche ne peut être incarnée que par lui.
On compte donc trois écolos… mais un seul Radical de gauche, surtout pas un de plus. Jean-Michel Baylet pousse sa protégée Sylvia Pinel (merci pour elle !) vers la sortie en décrochant enfin un portefeuille : le voilà ministre de l’Aménagement du territoire, de la ruralité et des collectivités territoriales. Depuis le début du quinquennat, il en rêvait de son entrée au gouvernement. En privé, il enrageait de ne pouvoir y accéder en raison d’une encombrante affaire de marchés publics pour laquelle il a finalement été relaxé début 2014…
Hollande a également réservé deux autres « surprises ». D’une part, la création, dix ans après l’éphémère passage de Nicole Guedj aux affaires, d’un secrétariat à « l’aide aux victimes » qu’occupera Juliette Méadel, ancienne responsable de Terra nova. Les « victimes » de quoi ? On ne sait pas encore ! Mais elles ont un peu plus d’un an avant la prochaine élection présidentielle pour se faire connaître…
Peut-être Fleur Pellerin sera-t-elle la première à se pointer à ce guichet des « victimes » ? Le chef de l’Etat et Manuel Valls se séparent en effet d’elle et la remplace par Audrey Azoulay, ci-devant conseillère culturelle du président.
Connaissant les éléments de langage habituels, nul doute que ce gouvernement « resserré, divers et paritaire » sera « de combat » !
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