Dis-moi avec qui tu couches, je te dirai pour qui tu votes. Ou l’inverse ! Le très sérieux Cevipof s’est lancé dans une analyse électorale via la chambre à coucher. Par le passé, l’Ifop s’y était essayé à sa manière, nous apprenant – chose essentielle – que les électeurs de François Bayrou étaient les moins portés sur les plans à trois et que ceux de Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen étaient les plus nombreux à avoir expérimenté la sodomie…
Cette fois, le Cevipof s’intéresse au comportement électoral des couples mariés, lors du premier tour des régionales, selon qu’ils soient homosexuels ou hétérosexuels. Moins bandant que le sondage de l’Ifop, mais ô combien plus instructif…
Alors que les couples hétérosexuels ont placé en tête du scrutin de décembre 2015 les listes de la droite et du centre, les couples homosexuels, eux, ont choisi d’abord et très significativement le FN (voir le graphique ci-dessus).
Quant aux listes PS, même si elles ont plus séduit les homos que les hétéros, elles arrivent en troisième position chez les uns comme chez les autres. Bref, la gauche de gouvernement, bien qu’auréolée du mariage pour tous, est dans les choux du côté de ceux qui ont été les principaux bénéficiaires de cette mesure.
Alors certes, l’auteur prend soin d’expliquer qu’il « est difficile de soutenir l’hypothèse d’un quelconque comportement communautariste parmi les couples homosexuels », que l’orientation sexuelle ne fait pas tout et qu’il convient de prendre en compte d’autres variables comme les « caractéristiques socio-professionnelles », l’âge ou bien encore le sexe. Ainsi, il prend également soin d’expliquer ce penchant frontiste en partie par le fait que « les répondants étudiés appartenant à des couples homosexuels sont plus souvent masculins » et que « de nombreuses études ont montré que le vote frontiste est supérieur parmi les hommes ».
Néanmoins, il en déduit très clairement que chez les couples homos « la prédominance de la gauche » est « singulièrement limitée ou érodée alors que l’inclination frontiste se trouve exacerbée, en particulier par rapport aux études sur les précédents scrutins. »
Voilà donc une étude venant invalider la stratégie Terra nova qui encourageait le PS à miser sur les minorités (jeunes, femmes, immigrés, etc.) pour se construire une majorité électorale, plutôt que de chercher à convaincre les classes populaires. Cette note devrait donc être rapidement transmise aux dirigeants de cette gauche qui ne voit désormais plus le peuple que comme une simple addition de segments commerciaux à conquérir et de clients à satisfaire. Finalement, l’équation est simple (et rassurante pour qui refuse les communautarismes, tous, quels qu’ils soient) : ce n’est pas en offrant des droits que l’on récolte en retour des voix.
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