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Schneidermann: Je suis Charlie, mais…


Schneidermann: Je suis Charlie, mais…

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Chez Causeur, on a assez écrit tout le mal que l’on pensait de la couverture anniversaire de Charlie Hebdo, pour ne pas être taxé de suivisme néo-charliesque, Un an après les attentats, le miraculé Riss, qui a une fatwa djihadiste sur sa tête, n’a pas trouvé meilleure idée que de pointer du doigt un Dieu œcuménique surmonté d’un symbole maçonnique. Circonstance atténuante : depuis qu’un ancien ministre pakistanais franchement illuminé a promis des millions de dollars à qui dézinguera le nouveau patron de Charlie, les scrupules de ce dernier à caricaturer Mahomet et sa religion sont compréhensibles.

Et puis, il faut bien reconnaître à Riss un mauvais goût comme on les aime, dans le droit fil de l’esprit potache hardcore de Choron et Cavanna, les glorieux ancêtres qui ont eu l’heur de mourir avant le carnage de janvier dernier. La dernière édition de Charlie montre un petit Aylan (vous savez, l’enfant kurde noyé dont on nous a martelé la photo mortuaire sur tous les écrans) devenu grand violeur en Allemagne. Et, devinez quoi, le dessin indigne le professionnel de l’indignation Daniel Schneidermann – auteur, dans une autre vie, de bons essais contre le gourou Bourdieu. Pour l’occase, le guide suprême d’Arrêt sur images monte sur ses grands chevaux : « Rien ne distingue ton dessin, Riss, d’un dessin qui pourrait être publié dans Minute ou Valeurs actuelles ». Pire, Dany, rouge de colère, a beau « être Charlie », il n’oublie rien de ce « journal marqué par le passage de Val et Fourest, moines-soldats de l’islamophobie française », reprenant mot pour mot les diatribes des associations anti-blasphème contre le journal satirique.

Passons sur l’argumentation boiteuse qui isole l’islam des autres religions, sous prétexte que ses pratiquants seraient de pauvres petites choses ou des damnés de la terre hermétiques à la liberté d’expression.  Non, l’essentiel ici est qu’il ne faut pas rire avec « Minute ou Valeurs actuelles », quand bien même leurs bons mots nous arracheraient un sourire, il conviendrait de se signer aussitôt avant de s’autoflageller : pardonnez-moi Dieu de la gauche, je ne savais pas ce que je faisais.

Daniel Schneidermann nous enjoint de ne pas ricaner au nom du sacrosaint « pas d’amalgame » qui nous interdit de parler des viols de Cologne. Et l’humour, bordel ? Fini de rire, oubliés Hara-Kiri et les sales blagues du professeur Choron, l’heure est si grave que le citoyen degôche responsable devrait rire proprement en se bouchant le nez, de même qu’il glisse un bulletin Estrosi ou Bertrand dans l’urne pour sauver la République.  Avec Schneidermann, Plenel et le Comité contre l’islamophobie en France comme arbitres des élégances humoristiques, l’avenir s’annonce rigolo…



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