Ça se passe loin de chez moi


La France serait-elle tombée entre les mains d’un gang de dangereux amateurs?

Après la ministre de la Culture qui ne peut pas citer un seul titre du dernier prix Nobel français Patrick Modiano — et qui avoue d’ailleurs n’avoir pas lu un seul livre depuis deux ans…

Après le Premier ministre qui s’en prend imprudemment aux opinions d’un philosophe et se fait traiter en retour de crétin — dictionnaire à l’appui…

Voici maintenant la ministre du Travail qui ne sait pas combien de fois l’on peut renouveler un contrat de durée déterminée, pilier de la régulation de l’emploi en France.

Les mots se téléscopent dans ma tête quand j’essaie d’imaginer l’expression de son intervieweur Jean-Jacques Bourdin devant un tel aveu d’ignorance. Cela allait du stupeffroi à la mépricompassion. « Vas-y, Myriam, tu peux le dire! » l’entendait-on gémir intérieurement. Et puis non. Myriam n’a rien pu dire.

Hors antenne, Mme la Ministre avait retrouvé la parole. Deux sources médiatiques nous rapportent qu’elle aurait attribué son « bad buzz » au fait qu’elle était « femme, beur et jeune ».

En effet, c’est lourd à porter. En attendant, un bad buzz, ça vaut mieux qu’un nice kick in the ass, en traduction française: un bon coup de pied au cul. Parce que, à mon humble avis, c’est ce qu’aurait pris séance tenante un ministre homme, vieux et blancho (selon l’expression de M. Valls) s’il s’était trouvé dans sa situation.

Ou peut-être pas. Celui qui s’est publiquement laissé traiter de crétin sans broncher est bien toujours en place…

En Suisse, heureusement, nous sommes à l’abri d’un tel dilettantisme. Imagine-t-on un ministre de la Santé qui confondrait ses propres idées avec les petits papiers de l’industrie pharmaceutique, une ministre des Finances incapable de nommer un paradis fiscal ailleurs qu’en Suisse, un ministre de la Défense qui ignorerait que la Guerre froide est terminée, ou une ministre de l’Intérieur qui ne saurait dire combien de clandestins sont entrés dans le pays le mois dernier?

Bien entendu que non. C’est tout à fait impossible. Nos ministres sont hautement renseignés et compétents. À moins qu’ils n’aient pas de trublion aussi impertinent que Bourdin pour les interroger?



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est directeur des éditions Xenia et rédacteur en chef d’Antipresse.net.

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