Comment devient-on Staline ? Comment un tyran absolu s’empare-t-il de la conscience des autres, par quelle manipulation de sa part et grâce à quel consentement des masses parvient-il à rendre légitime la terreur ? Voici Pavel (ou Alexei), bolchevik de la première heure, dévoué au parti, héros de l’Union soviétique : hier encore, il était légitimement fier de ses états de services, demain, il se répandra en contritions devant ses juges, avant de sourire au peloton d’exécution, accablé par la trahison fabriquée qui l’accable, acquiesçant à la sentence qui l’efface.
Comment tout cela a-t-il commencé et pu se prolonger ? Omnipotent commissaire du peuple en redingote, tchékiste suprême ou capricieux mutique, et encore liquidateur à la nuque froide, Staline se donna, enfin, le rôle du grand architecte d’une société d’insectes tantôt utiles, tantôt surnuméraires, avec, pour décor, des combinats du fer et de l’acier et, pour horizon, les objectifs des plans quinquennaux. Car il était fait pour l’exercice de la terreur en milieu industriel.
Lointain, inaccessible, il ne fut plus qu’une présence tronçonnée sur l’estrade de la place Rouge, un buste qui semblait glisser le long d’une rampe. Il s’animait un peu, accordait quelques sourires, pointait du doigt la foule, comme pour sortir au hasard un quidam de l’anonymat et l’assurer de son inquiétante sollicitude. Or, ce buste énorme habillé de gris jusqu’au menton domina et méprisa les statues en pied qui l’entouraient. Jusqu’à la fin, Staline demeura modeste et impitoyable.
Quel mystère contemporain fonde cet homme impavide ?
Mardi, 3 novembre, France2 diffuse « Apocalypse Staline », l’œuvre de mémoire sur le XXe siècle la plus récente d’Isabelle Clarke et Daniel Costelle, bien connus de nos lecteurs. Avec eux, avec leur série Apocalypse, nous sommes au-delà du simple documentaire. On retrouvera dans « Staline » les images d’archives secrètes, les témoignages inédits, l’iconographie rare, la patiente et respectueuse restitution des faits et des événements, la mise en couleur d’une exceptionnelle vérité, et cette intensité dans le récit, dans le montage qui signe le travail des deux cinéastes.
Après la diffusion, Isabelle Clarke et Daniel Costelle répondront, en exclusivité, à toutes les questions que leur poseront les lecteurs de Causeur.
Et, dans Causeur du mois de décembre, retrouvez l’entretien avec les auteurs d’« Apocalypse Staline », ainsi que l’article de Régis de Castelnau.
« Apocalypse Staline », en trois épisodes diffusés dans la même soirée, France 2, à 20 h 55 : 1- Le Maître du monde, 2- L’Homme rouge, 3- Le Possédé.
DVD (France TV), et livre richement illustré aux éditions Acropole.
LECTEURS DE CAUSEUR, posez vos questions à Isabelle Clarke et Daniel Costelle dans le fil de commentaires ci-dessous, ils y répondront !
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