Nadine Morano, dans la phrase qui a suscité l’hystérie du tribunal médiatique – n’a fait que reprendre les mots du Général rapportés par Peyrefitte dans C’était De Gaulle : « Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne. »
Encore n’a-t-elle repris qu’une petite phrase et non le propos dans son entier. Il est remarquable que personne n’ait pris le temps dans cette histoire de citer l’ensemble d’un passage pourtant fort bien connu, et se terminant par la crainte exprimée par De Gaulle de voir se transformer Colombey-les-Deux-Eglises en Colombey-les-Deux-Mosquées ! Au contraire, une entreprise de révisionnisme des propos de De Gaulle a commencé, mettant en cause la fidélité de la retranscription de Peyrefitte, ou minorant des propos tenus en privé.
En réalité, il semble que ces propos soient aujourd’hui devenus radicalement impubliables, ce qui en dit long sur l’autocensure régnant au sein du monde médiatique et intellectuel, et sur le chemin parcouru depuis l’édition du livre de Peyrefitte en 1994.
Cette lâcheté des milieux médiatiques ne surprendra pas, mais qu’aucun dirigeant de Les Républicains n’ait cité ce texte, pour relativiser la soi-disant gravité de ce qu’avait dit Morano, en dit long sur leur courage intellectuel et sur ce qui reste de gaullisme dans ce parti. On a même entendu Henri Guaino, gaulliste autoproclamé s’il en est, se joindre au choeur des indignés ! Cet épisode est le révélateur d’une référence purement formelle et vide à de Gaulle, dont on n’ose même plus affronter l’ensemble de l’héritage. Ne soulevons pas le couvercle de révérence conformiste qui pèse sur le Grand Homme, on pourrait s’apercevoir qu’il est lui aussi « franchouillard » et un brin « populiste »…
Allons, Nicolas Sarkozy, il faut aller plus loin, ayez, vous aussi, le courage de réclamer ce que réclama Jospin en son temps à l’égard de Mitterrand : « un droit d’inventaire ». Retirez carrément à de Gaulle son « investiture » à être la source d’inspiration principale des « républicains » ! Traquez chez lui tous les « dérapages » ! Achevez le processus de destruction du gaullisme entamé par Chirac !
Et ainsi rendez de Gaulle aux Français. Ils sauront quoi en faire.
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