Il lui aura fallu six ans. Six ans pour s’excuser des propos inexcusables qu’il avait autrefois tenus. Souvenez-vous, en 2009, à Evry, alors qu’il était maire de la ville et qu’il se promenait dans une brocante, notre cher Premier Ministre s’était sainement étonné que sa ville ne soit peuplée que de personnes de couleur. Il s’était donc fendu d’une petite phrase somme toute inoffensive : « Belle image de la ville d’Evry ! Tu me mets quelques Blancs, quelques Whites, quelques Blancos. » Le petit ricanement qui suivait avait mis le feu aux poudres.
Libération avait alors rapporté la réaction de Faouzi Lamdaoui, membre du Conseil National du PS, qui voyait dans un ces propos « un dérapage scandaleux ». Parlant de l’actuel Premier ministre, il avait ajouté que « la confusion, volontaire ou pas, entre la mixité sociale et l’origine des habitants de la ville ne [l’honorait] pas » et qu’il « [confortait] des thèses chères à l’extrême droite qui prône une hiérarchie absurde entre les « races » ».
À l’époque, Manuel Valls avait tenté maladroitement de se justifier en invoquant le « réel ». Sur Europe 1, il avait notamment déclaré : « Il ne faut pas avoir peur des mots mais dire les choses telles qu’elles correspondent à la réalité. »
Depuis, heureusement, Manuel Valls est revenu à la raison. Hier, il a tenu à rappeler que les propos qu’il avait tenus dans sa jeunesse étaient « intolérables ». A l’Assemblée Nationale, il a donc déclaré qu’il « y a aujourd’hui dans notre pays une course effrayante, une surenchère à l’extrême droite ». Pour aller plus loin et prouver sa vigueur que l’on sait aujourd’hui à toute épreuve, il a mis en garde « de la manière la plus solennelle ceux et celles qui se livrent à cette surenchère » et a affirmé qu’il ne tolérerait plus «
jamais ces outrances ».
Enfin, dans un merveilleux mea culpa, il a su rappeler à quel point son erreur avait été honteuse et dangereuse pour la France : « Quand on parle de ‟race blanche”, (…) quand on veut trier en fonction de la religion (…) on fracture le pays, on n’est pas à la hauteur, on tourne le dos à ce que sont les valeurs de ce pays. »
Et l’agent de circulation Valls d’ânonner qu’« il ne faut plus accepter aucun dérapage ! » tandis que son alter ego Sarkozy répète comme un mainate : « Je n’accepterai aucun dérapage. » Vous en avez marre de cette racaille qui empoisonne le débat avec des mots interdits ? Ça tombe bien, nos deux anciens ministres de l’Intérieur vont vous en débarrasser !
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