Pendant les chaleurs de l’été, une amie m’a fait suivre dans une électrolettre un joli éventail, une antiquité, trouvé sur le web, qui offrait (c’est le cas de le dire) un large éventail d’options à nos pensées intimes.
Les conversations électroniques subséquentes m’ont démontré que les récents débats parlementaires en France pour pénaliser des clients des prostituées, et la livraison de Causeur sur ce sujet, avaient été abondamment discutés par les Chinoises et les Taïwanaises qui vivent en France.
Le court essai ci-après ne fait peut-être pas l’unanimité de mes correspondantes, mais ses prémisses et ses conclusions sont partagés par nombre d’entre elles.
Cela va sans dire, je suis très réservée (et je ne suis pas la seule) sur le principe scandinave de la pénalisation des clients des prostituées : faudra-t-il prévoir un codicille aux futures lois et règlements, dès lors qu’il s’agit de clientes de prostituées, de clientes de prostitués, de clientes et de clients – en cours de recherche ontologique – de transsexuels ?
Mais revenons à l’essentiel :
Les plans-cul sont désormais non seulement admis en Europe pour les femmes, mais ils sont relativement aisés, avec des applications sur Smartphones (comme Tinder), ou autrement.
Il y a cependant dans cette démarche, devenue usuelle et banale, quelques particularités inhérentes, inévitables (dans certaines circonstances vécues comme des inconvénients), qui déterminent à réfléchir à une option complémentaire, ciblant le bonheur et la satisfaction de certaines femmes, à certains moments.
Je souligne bien, de certaines femmes, à certains moments, pas toutes, ni tout le temps.
La recherche – même rapide – d’un plan-cul prend du temps. Elle suppose un minimum de dialogue et d’efforts pour séduire de part et d’autre. Certes un dîner – ou une rencontre autour d’un verre – peuvent être sympathiques ; et une attirance réciproque ainsi mise à l’épreuve pendant quelques prudents prolégomènes est sans aucun doute la plus sure promesse d’un plaisir partagé.
Même pour des rencontres sans lendemain (en chinois «one night stand» se dit 「一夜情」 YīYèQíng), un minimum de cérémonial doit être encouragé pour la promotion d’un monde courtois, sociable et civilisé.
Mais…
Il y a des moments où des femmes peuvent avoir besoin de deux heures d’amour physique, sans avoir à se soucier de séduire, sans accorder le moindre quart d’heure à des préliminaires, en souhaitant être bien certaine de l’agilité, de la vigueur des érections, d’un homme qui sera, non seulement disponible, mais performant. Et surtout anonyme.
Il serait sans doute possible d’organiser des sortes de «blind-dates» d’une grande célérité pour amateurs adultes et consentants, mais pourquoi ne pas pousser plus loin la définition de ce besoin, de cette discrétion, de préciser la question et une proposition pour sa solution ?
Les hommes ainsi volontaires pour ce service sexuel seraient rémunérés.
Examinons paisiblement comment un tel plan pourrait être mis en place, avec les encouragements des structures sociales, administratives et politiques françaises — qui ont hélas tendance à s’immiscer dans tous les aspects de la vie sociale — comme le faisaient, et le font encore trop souvent, les églises.
L’exemple dont nous nous inspirons est celui des love hotels de Taiwan qui non seulement accueillent (pour en général deux heures) des couples à la recherche de confort et de discrétion, mais également des hommes sans partenaire que la responsable de l’étage met en contact sans délai avec une professionnelle de qualité. Un petit livret de photographies suffit le plus souvent à éviter les malentendus.
Il devrait être possible de structurer à Paris de tels «love hotels» où des femmes pressées, n’ayant que deux heures à consacrer à la recherche d’une extase rapide et précise, trouverait le bon partenaire. Voire les deux partenaires — comme à Taiwan il est possible à tout homme connaissant une bonne adresse de solliciter les services de deux femmes en même temps, si le «coeur» lui en dit.
Le fait de payer, à son juste prix, le temps et l’ardeur d’un homme habile à procurer du plaisir aux femmes pourrait contribuer à une solution à de nombreux soucis individuels ou collectifs.
On peut penser que cette opportunité réduirait de moitié les files d’attente dans les cabinets des conseillers conjugaux, renforcerait la performance au travail de nombreuses femmes cadres supérieures, donnerait plus de recul et de sérénité à celles qui ont des positions de responsabilité et d’autorité, quelquefois lourdes comme certaines fonctionnaires, et les magistrates, entre autres.
Combien de mères de famille n’ont tout simplement pas le temps de draguer et de gérer des rencontres qui supposent beaucoup de temps libre. Combien de femmes amoureuses de leurs maris ne souhaitent pas compliquer leur vie conjugale tout en bénéficiant des mêmes satisfactions, épisodiques, contingentes et accessoires, que les hommes.
Une telle proposition est bien plus simple que les sites web spécialisés dans les rencontres extra-conjugales — qui supposent un dialogue électronique préalable et une certaine connivence des deux partenaires d’un jour, ou d’un instant. Et ne garantissent guère l’anonymat.
Dans la proposition ici lancée, le fait de rémunérer – en toute discrétion et anonymement – le service sexuel est un élément-clé de l’ambiance psychologique favorable à l’orgasme. Il n’y aurait plus la moindre inquiétude de rater une marche dans la recherche en commun du plaisir : l’homme ainsi rémunéré pour ses qualités physiques, et son ardeur, peut démultiplier son savoir-faire ; et la femme qui le rémunère peut (sans la moindre entrave, et sans temps-mort — me souffle le correcteur, sur épreuves), exiger le plaisir le plus direct et le plus tendre (ou fort) selon ses caprices du jour, selon ses phantasmes de l’instant.
Faut-il, sur les livrets-retapes des responsables des étages de ces love hotels, détailler les qualités particulières et physiques des hommes qui se rendraient disponibles ? Il faut bien sûr éviter que les hommes concernés soient rabaissés à des «produits de catalogue». Ce n’est pas l’objectif. Il convient de respecter loyalement leurs talents et leur personnalité, comme sont respectés – en France, et à Taïwan – ceux des grands chefs de cuisine, des grands pâtissiers, etc.
Cette tribune vise donc à lancer une discussion qu’il ne faudrait pas limiter aux seules Taiwanaises et Chinoises. Certes mes compatriotes taiwanaises (et cousines du continent chinois) ont sur leur plaisirs en France à la fois une émotion, une expertise et un recul appréciables, à la mesure de leur réputation. Mais nous souhaitons bien sûr que toutes les femmes rejoignent ce débat, sur leurs propres blogs, avec leur particularités, les parfums de l’Orient pour nos amies arabes, la vivacité et la musique de nos amies cubaines, les rythmes particuliers à l’Afrique profonde pour nos amies noires, etc.
Sans oublier ce qui fait depuis toujours le «charme parisien» et son «je ne sais quoi», comme le dit la belle chanson de Paul de Kock, si bien chantée par Yvette Guilbert et Juliette Gréco, qui s’applique aux hommes aussi bien qu’aux femmes : Monsieur Arthur est un homme ….
Cette diversité des phantasmes ou des usages chez les femmes devra trouver sa complémentarité dans la diversité des hommes ainsi – librement – offerts contre rémunération à nos épisodiques lubricités.
Ces échanges culturels sont importants pour briser les ghettos et éviter le communautarisme, dans un renforcement des libertés féminines ; et de nos plaisirs les plus intimes.
*Photo: Pixabay.
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !