Tsipras, Sarkozy et le referendum: tu veux ou tu veux pas?


Il y a une semaine, Nicolas Sarkozy reprochait à Alexis Tsipras de consulter le peuple grec par referendum. «Quel cynisme, quelle démagogie, quelle irresponsabilité !», assénait-il, drapé dans sa vertu, tant il est vrai que notre ci-devant Président ne s’est jamais montré cynique, démagogique ou irresponsable. Huit jours plus tard, Athènes ayant mis énormément d’eau dans son vin malgré la victoire du Non, au point de s’approprier certaines exigences de la Troïka, Tsipras a bien du mal à passer pour « l’extrémiste » que dénonçait Sarkozy. Entre-temps, tout le ban et l’arrière-ban de l’UMP, à l’exception notable d’Henri Guaino et de quelques autres gaullistes perdus en rase campagne, s’est converti à l’antifascisme le plus crétin à force de nous jurer que Syriza était l’allié d’Aube dorée. Une pure calomnie, mais qu’importe…

Hier, le président des Républicains a changé de braquet en ne fustigeant plus le rat visqueux crypto-fasciste, mais le social-traître Tsipras. Car le Premier ministre grec « a menti à son peuple avant les élections et aujourd’hui est en train d’expliquer aux différents gouvernements européens qu’il est prêt à accepter ce qu’il a lui-même demandé aux Grecs de refuser il y a huit jours ».

Sarkozy s’est fait avoir comme le premier mélenchoniste venu : il croyait Tsipras prêt à renverser la table, le voici qui négocie sagement avec Juncker, Merkel, Hollande et le FMI, et s’engage à réformer le système des retraites et la fiscalité grecs ! Mais le péché mortel que ne lui passe pas notre ancien président, c’est d’avoir trahi la vox populi. Rétrospectivement, le triomphe du Non dimanche dernier n’aura en effet servi qu’à faire monter les enchères dans les négociations avant que Tsipras ne batte gentiment sa coulpe.

Ignorer la décision souveraine du peuple n’est déjà pas très joli-joli. Mais alors, au bout d’une semaine, on frise l’incorrection! Si Alexis Tsipras était un homme d’Etat de la trempe de Nicolas Sarkozy, il aurait respecté le délai de mise pour bafouer la décision populaire : la moindre des politesses, c’est d’attendre trois ans – et non pas une semaine !- avant d’enterrer un Non franc et massif. Souviens-toi du traité de Lisbonne

 

 



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