Maghreb: Hollande a pris le parti de l’Algérie


Maghreb: Hollande a pris le parti de l’Algérie

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«J’avais indiqué au roi que, pour moi, (…) il ne pouvait être question de commencer ma visite du Maghreb pour Les Républicains sans débuter par le Maroc» La carte postale qu’a envoyée Nicolas Sarkozy du Maroc, il y a quelques jours, est presque passée inaperçue. Pourtant, son hommage appuyé au roi Mohammed VI et le programme présidentiel qui lui a été concocté par les autorités marocaines en disent long sur les rapports entre la France et le Maghreb depuis l’élection de François Hollande.

Depuis que les socialistes sont aux commandes, les relations franco-marocaines se sont considérablement dégradées. Une enquête judiciaire sur le chef des services marocains, Abdellatif Hammouchi, a suffi à raviver la mauvaise humeur qui sépare Paris et Rabat. La monarchie chérifienne avait pourtant été célébrée pour son ouverture à la suite des printemps arabes: droit des femmes, mise en scène de la démocratie parlementaire, sécurité des touristes… À bien des égards, le Maroc apparaît plus moderne que l’Algérie, y compris lorsqu’on compare leurs chefs d’Etat respectifs.

Cause ou conséquence de la brouille marocaine, les relations entre Paris et Alger se sont considérablement réchauffées en trois ans. À Alger, la proximité et le ton particulièrement amical entre François Hollande et Abdelaziz Bouteflika ont contrasté avec les maladresses qui ont accompagné les visites en coup de vent de Mohammed VI à l’Élysée. L’armée algérienne a défilé sur les champs-Élysée, un ministre français s’est recueilli à Sétif pour commémorer les massacres du 8 mai 1945, la France n’a pas eu peur de se flageller pour amadouer Alger. Malgré l’image déplorable de la démocratie FLN, François Hollande s’est rendu à deux reprises en Algérie où il a eu le rare privilège d’être reçu dans la résidence présidentielle médicalisée de Zeralda. Avec Bouteflika, la diplomatie médicale bat son plein.

La sympathie personnelle de François Hollande pour l’indépendance algérienne contraste avec les difficultés de la droite à dialoguer avec l’Algérie. Reste que les fruits du réchauffement franco-algérien se font attendre. Les contrats d’armements moisissent dans les cartons, domaine où la Russie reste le partenaire privilégié de l’armée algérienne. La coopération militaire au Sahel reste a minima. Le dossier des moines de Tibérine est gelé. En 2014, Pékin est devenu le premier partenaire commercial de l’Algérie, devant la France. Bref, chaleureuse dans les discours, la relation stratégique franco-algérienne est à l’image du président algérien et de Laurent Fabius: en semi-léthargie.

Ce malentendu explique la préférence constante pour le Maroc des présidences françaises successives. Depuis que le maréchal Lyautey a personnellement protégé la dynastie marocaine, l’alliance avec la France n’a pas cessé. Les échanges économiques, militaires et touristiques dominent largement et Paris apporte un soutien appuyé au Maroc dans la question du Sahara occidental. Ce qui irrite l’Algérie. Les frères ennemis du Maghreb se livrent une compétition pour le leadership au Maghreb et au Sahara. Mais l’Algérie, marqué par son passé colonial et les stigmates de la guerre d’indépendance, n’a jamais vraiment voulu compter sur la France pour rivaliser.

François Hollande a sans doute cru qu’en s’éloignant du Maroc, il pourrait se rapprocher de l’Algérie en échange de quelques actes de contritions et de marques d’amitié envers Bouteflika. C’était sans compter l’inertie de l’appareil d’État algérien. En trois ans, la  nouvelle relation franco-algérienne n’a jamais atteint les niveaux de coopération entre la France et le Maroc.

*Photo : AP/SIPA. AP21750897_000008.



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est responsable des questions internationales à la fondation du Pont neuf.

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