Souverainisme, l’autre nom de la démocratie


Souverainisme, l’autre nom de la démocratie

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Je tiens à rassurer Benoît Rayski sur sa mémoire. C’est bien dans les colonnes de Causeur qu’il a lu que les Grecs Indépendants étaient souverainistes. C’était sous ma plume et je l’assume volontiers. J’ai croisé le chef de ce parti dans les travées du congrès de Debout la France, il y a quelques mois. Je tiens tout de même à rassurer tout le monde et à confirmer que ces gens sont effectivement « beaucoup moins nazis qu’Aube dorée ». A vrai dire, ils ne sont même pas nazis du tout. Mais peut-être est-ce moi qui perds le sens de la mesure ?

Ainsi donc le souverainisme serait « dans le vent ».  Tiens, donc ! On m’aurait menti ? Quand, dans un pays, 95% des journalistes votent oui à un référendum, au point que le directeur d’un journal agonit d’injures ses lecteurs coupables d’avoir mal voté, on a du mal à ressentir un véritable engouement pour le souverainisme. On me rétorquera que c’était il y a dix ans. C’est vrai. Depuis, on a fait une toute petite place à des journalistes pour qui la souveraineté n’est pas un gros mot : Eric Zemmour, notre patronne Elisabeth Levy ou encore Natacha Polony. Même si ces trois-là ont évidemment plus de talent que peuvent en avoir leurs contradicteurs, il faut reconnaître que cette escouade ne fait pas vraiment le poids face à l’armada d’en face.

Heureusement, « tout n’est pas à jeter ». On est rassuré. On n’aura pas à répondre que le souverainisme c’est comme le cochon, tout y est bon, pour rester dans le même registre. Ouf ! Je vais faire une confidence à Benoît Rayski. Avant 1992, je n’avais jamais eu l’idée d’être souverainiste. J’étais simplement gaulliste. Mais des élus ont souhaité confier à d’autres instances les missions qui étaient les leurs, battre monnaie notamment, ou contrôler les frontières, avec le succès que l’on connaît aujourd’hui dans les deux domaines. Pourquoi donc me suis-je opposé à ces décisions ? Par nostalgie des marches au pas de l’oie ? Aussi étonnant que cela puisse paraître, c’est par goût de la démocratie. Je souhaitais simplement que les personnes pour qui je vote exercent effectivement le mandat que je leur ai confié. Tout cela, je l’ai appris d’un homme dont le père est tombé pour la souveraineté de la France, dans un village franc-comtois en 1944. Il s’appelait Philippe Séguin et j’ai beaucoup appris de lui. Son Discours pour la France, dont je conseille d’urgence le visionnage, m’a imprégné. Je n’ai pas attendu Marine Le Pen pour défendre la souveraineté de mon pays. Et je ne vois pas au nom de quelle escroquerie intellectuelle je devrais arrêter de le faire parce qu’elle s’y est mis plus tardivement. Ce qui est gênant, ce n’est pas de défendre la souveraineté comme le fait Madame Le Pen sur les plateaux de télé. Ce qui est gênant, c’est qu’on ne voie pratiquement plus qu’elle pour le faire.

Terminons par ce qui est le moins agréable. Ma capitale, c’est Auschwitz, donc je ne peux être souverainiste, nous explique Benoît Rayski. Quel rapport ? Hitler n’était pas souverainiste, il était impérialiste. Le Général de Gaulle et nos maquisards (dont une bonne part venait de l’Action française et du PCF, il est vrai. Il fallait savoir « batifoler » avec des gens « infréquentables ») défendaient la souveraineté de la France. Dans ces conditions, comment ne pas être scandalisé par cette antienne selon laquelle le souverainisme mènerait à la déportation des juifs alors que c’est exactement l’inverse ? Les Juifs qui ont créé ensuite la nation la plus souverainiste du monde, Israël. Imagine-t-on Israël confier sa monnaie à une instance supranationale ou déléguer la surveillance de ses frontières ? Poser la question, cher Benoît, c’est y répondre.

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