Pour Politis, le “réac nouveau” est arrivé!


Pour Politis, le “réac nouveau” est arrivé!

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Les bouteilles de “réac nouveau” sont depuis peu disponibles sur le marché français. Sur ce marché-là seulement. Car toutes les tentatives de l’exporter ont échoué. D’après les spécialistes les vendanges ont été, cette année, abondantes. Contrairement au Beaujolais, le vin “réac nouveau”, récolte 2015, n’est parfumé ni à la cerise ni à la banane : il a une odeur prononcée de soufre. Quant à sa couleur, elle ne change pas : invariablement un mélange de brun et de noir. La dernière cuvée de ce vin, plutôt imbuvable, nous est présentée par le magazine Politis avec ce titre : “les réacs de gauche”. La rédaction de ce journal hésita un long moment avant de faire cette offre à ses lecteurs. Certains de ses journalistes trouvaient que les “réacs” c’était anxiogène.

Qu’en les montrant, toujours plus nombreux, on ajoutait du désespoir à la détresse déjà grande des masses populaires. Ils suggérèrent donc quelque chose de positif, d’euphorisant : “les nouveaux intellectuels de gauche”. On chercha et on trouva trois noms, juste trois noms : René Sieffert (le patron de Politis), Laurent Joffrin (Libération) et Aymeric Caron. Pour une “couv” c’était quand même un peu court. Vaincus les aigles de Politis baissèrent la tête et se rallièrent au titre “enquête sur les réacs de gauche”, une valeur éprouvée bien qu’usée jusqu’à la corde. Le grand frère de Politis, L’Obs, avait déjà fait deux unes sur les “néo-réacs”. Finkielkraut, Zemmour, Lévy, je crois. Il fallait donc trouver de néo“néo-réacs”.

Ce qui fut fait et la couverture de Politis s’orna des visages d’Elisabeth Badinter, Philippe Val, Michel Onfray et Caroline Fourest. C’était frais comme le vin nouveau. Neuf, tout neuf. Peut-être même que ça ferait vendre quelques exemplaires car Finkielkraut, Houellebecq and co ça ne marchait plus très fort. Mais on se garda bien, car pour cela il aurait fallut vraiment bosser et s’interroger, de poser la seule question qui vaille :  pourquoi le “réac” a-t-il tendance à croître et à se multiplier ? Quels sont ses modes de reproduction : la GPA, la PMA, l’adoption ? Pourquoi chaque année au moment des vendanges la récolte est-elle si bonne ? Pourquoi écrivent-ils des livres ? Et pourquoi les publie-t-on ?

Il semblerait que l’intellectuel de gauche, lui, n’écrive plus de livres . Peut-être qu’il n’en a plus le temps, occupé qu’il est à écrire des petits articles, toujours les mêmes, sur le thème du fond de l’air qui est fâcheusement fascisant. Manuel Valls en fit l’amère expérience en lançant un appel aux intellectuels (de gauche) et n’obtenant aucune réponse.

Le “réac nouveau” pose un autre problème. C’est qu’il fait oublier -le monde de la consommation va très vite- les anciens “réacs” qui apparaissent comme périmés, hors d’usage. Et ça, c’est pas juste. Passe encore qu’on mette dans naphtaline des Finkielkraut, Zemmour et Houellebecq. Mais comment peut-on ajouter à la même fournée des promis à l’oubli une femme jeune et belle comme Elisabeth Levy ? Les journalistes de Politis sont des goujats. De répugnants sexistes. Honte à eux !



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est journaliste et essayiste

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