« Je porte un regard extrêmement inquiet (parce que) l’ancienne UMP organise une première convention sur l’islam à huis clos », a déclaré le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll ce matin. La référence au 6 février 1934 n’est pas clairement assumée, mais on la sent poindre. Car une poignée de factieux de droite – pléonasme – s’apprête à débattre de la place de l’islam en France sous l’autorité d’Henri Guaino, dont on connaît l’islamophobie maladive (rires enregistrés). Pour ne pas gâcher la fête sans doucher les attentes de sa base, Nicolas Sarkozy avait décidé de réduire cette grande conférence à une demi-journée de dialogue à l’abri des journalistes, histoire que rien ne dépasse ni ne dérape. Ces précautions ne suffisent manifestement pas à rasséréner les plus fébriles. Parmi ces derniers, des ministres inquiets et désœuvrés malgré tous les chantiers qui les attendent – au hasard : la crise du capitalisme, la catastrophe écologique, les menaces terroristes, etc.
On savait qu’il existait des livres et des auteurs proscrits – Zemmour, Houellebecq, Onfray et même Todd – que les collaborateurs du Premier ministre brûlent à coups de gousse d’ail et de tribunes dans la presse, sans que la température monte à 451 degrés Fahrenheit. Six ans après le fiasco du débat sur l’identité nationale, fascisé avant même d’avoir commencé, notre classe politique nous apprend qu’il est des mots, des thèmes et des pensées interdites, sous peine de tomber dans l’enfer glacé des blasphémateurs.
Dans un article qui vaut son pesant d’interdisciplinarité, Pascal Bories avait noté que Valls était bien Charlie, puisqu’il caricature à merveille les idées des opposants à la réforme du collège. De son bureau au ministère de l’Agriculture, Stéphane Le Foll préfère la déculottée en rase campagne au débat sur la deuxième religion de France. Afin d’étudier la question à fond, il aurait pu faire une petite retraite, en emportant des exemplaires du Coran, des innombrables Hadiths, et des différentes interprétations de ces milliers de pages. On gagne toujours à se mettre au vert…
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