Discours d’Izieu : François Hollande corrige Valls


Discours d’Izieu : François Hollande corrige Valls

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L’« apartheid territorial, social, ethnique » qui fracture la France aura duré moins de trois mois. Pour être plus précis, du 20 janvier – date des vœux à la presse de Manuel Valls – au discours d’Izieu que François Hollande a prononcé hier là où furent raflés une quarantaine d’enfants juifs en avril 1944.

Bien inspiré, le président n’a pas fait jouer les violons sur l’air du passé qui ne passe pas, en imputant à notre pays la répétition des mêmes crimes, suivant la technique des Indigènes de la République : s’engouffrer dans la moindre brèche mémorielle.

« Le mal ne s’est pas arrêté aux portes de cette maison, il renaît chaque fois que des idéologies totalitaires ou des fondamentalismes religieux s’emparent des passions et des peurs », a-t-il déclaré en citant l’exemple des « 150 étudiants, chrétiens pour la plupart, massacrés par des fanatiques » au Kenya. Qu’Hollande  se montre plus téméraire et moins langue-de-bois que la RATP, en appelant un chat un chat, en étonnera certains.

Et ce n’est pas fini. « En Syrie, en Irak, au moment où je m’exprime, des minorités sont pourchassées pour leur religion, leurs origines, leur tradition, des hommes, des femmes, des enfants. Au Nigeria, des enfants, des jeunes filles sont enlevés, violés et exécutés par une secte qui tue des musulmans au prétexte de l’Islam ». Bon, même si le Président s’adjuge un peu facilement le droit d’excommunier de la communauté islamique tel ou tel groupe au prétexte de sa barbarie, soyons sport, il est rare d’entendre de telles paroles de vérité.

« A chaque fois, a-t-il enchéri, ce sont des juifs qui sont tués parce qu’ils sont juifs, des chrétiens parce qu’ils sont chrétiens. Et des musulmans, parce qu’ils sont musulmans ». On entre dans le vif du sujet. Des juifs tués parce que juifs, l’actualité européenne nous en offre le triste spectacle, des exactions de Merah à la tuerie de l’Hyper cacher en passant par le carton de Nemmouche à Bruxelles. Des chrétiens triés et sélectionnés pour devenir des cibles ambulantes, le massacre de Garissa nous en a récemment fourni un exemple sanglant au Kenya. Mais des musulmans tués parce que musulmans, Dieu merci, j’en vois très peu, sinon dans l’encéphale atrophiée de lycéens skins arrêtés la semaine dernière avant qu’ils ne passent à l’action.

Peut-être le chef de l’Etat pèche-t-il par inculture islamologique, tel son prédécesseur qui croyait avoir affaire à des catégories ethniques lorsqu’il entendait parler de sunnites ou de chiites. Des alaouites, chiites duodécimains ou ismaéliens assassinés par des djihadistes en raison de leur confession, les exploits d’Al-Nosra et de l’Etat islamique nous en offrent à foison. Sans même revenir sur les événements en Irak et en Syrie, songeons aux 140 morts des explosions de Sanaa, survenues dans des mosquées fréquentées par les chiites de la capitale yéménite. Mais puisque le réel abhorre le manichéisme, l’honnêteté m’oblige à vous dire que ces victimes innocentes scandaient « Mort aux Juifs ! Mort à l’Amérique » à l’instant même où la déflagration s’est fait entendre.

Mais revenons à nos moutons tricolores. En guise de péroraison, notre monarque républicain nous a rappelé que « le repli et l’isolement (…) sont toujours des poisons mortels pour une nation ». Rien que de très habituel. Mon confrère Pascal Bories, pourtant fort peu marxiste, me faisait cependant remarquer que la prose présidentielle considère l’isolement moins comme une condition sociale objective que comme un comportement électoral déviant et condamnable : le vote F-Haine.

À ces quelques bémols près, j’avoue avoir été agréablement surpris par la partition du Président. Doit-on l’expliquer par le débauchage d’un nouveau nègre, plus talentueux que ses devanciers ? Pardon, j’oubliais que les races n’existent pas…

*Photo : NICOLAS MESSYASZ/SIPA. 00709950_000054



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est journaliste.

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