Samedi soir, dans le fauteuil de l’invité politique d' »On n’est pas couché » sur France 2 siégeait François Bayrou, ancien ministre de l’Education nationale et père de sept enfants entre autres titres. Dûment interrogé sur une hypothétique solution à la dégradation de la qualité de l’enseignement, François Bayrou affirma que la responsabilité incombait principalement au corps enseignant, et proposa la chose suivante : mille classes du cours élémentaire prises comme échantillon témoin, une évaluation des progrès des élèves en début et en fin d’année scolaire. Les résultats de cette expérience permettant à coup sûr de désigner les « bons » et les « moins bons » professeurs, les premiers seraient ensuite invités à expliquer aux seconds comment ils avaient réussi le tour de force d’apprendre à lire à une trentaine d’enfants de six ans.
Sur le papier, difficile de désapprouver ce petit exercice de pédagogie. Il est acquis que les aspirants professeurs gagnent beaucoup à observer et imiter leur aînés.
Mais l’interpellation de Léa Salamé était appuyée par un rapport daté de 2004 – et aussitôt enterré – pointant, déjà, entre autres, des perturbations lors de la minute de silence en hommage aux victimes des attentats du 11 septembre. A-t-on perdu dix ans ? Était-il inévitable dans ces conditions que les « Je ne suis pas Charlie » fleurissent dans les cours de récréation ? Force fut pour M. Bayrou de répondre que oui.
Cependant, réclamer des exemples et regarder chez le voisin si l’herbe n’est pas plus verte ne semble pas dénué de bon sens. Encore faut-il savoir choisir ses modèles. Sans chercher trop loin sur le net, on apprendra que le premier établissement d’enseignement islamique a vu le jour en 2001 à Aubervilliers sous le doux nom de « La Réussite ». Qu’il en existe à ce jour quelques dizaines en France, tous affublés de patronymes poétiques, empreints de sagesse et de références apaisées à l’ordre religieux. Que la seule de ces institutions à se trouver sous régime d’association avec l’Etat, c’est à dire bénéficiant des subventions allouées à l’éducation, est le lycée Averroès de Lille qui affiche 100% de réussite au baccalauréat.
La première condition de la liberté est la contrainte. Un esprit non structuré est imperméable à toute instruction. Le rôle de l’école consiste d’abord à accoutumer les jeunes enfants au calme et à la concentration. Ces préceptes, simples pour certains, moyenâgeux pour d’autres, sont ceux de Kant. Il y a fort à parier que les professeurs du lycée Averroès les approuvent et les appliquent, prenant le Coran pour structure et le respect de l’ordre religieux pour éthique. Les résultats sont là.
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !