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François face à la complexité du monde

La chronique géopolitique de Richard Prasquier


François face à la complexité du monde
Le Pape François touche le mur qui sépare Israël de la Cisjordanie, Béthléem, 25 mai 2014 © APAimages/REX/REX/SIPA

La fraternité jusqu’à l’aveuglement ? Concernant la Chine, Israël ou l’islam, derrière les apparences, le Pape François n’ignorait en réalité rien des contraintes de la realpolotik.


Pour les chrétiens, le dimanche de Pâques est le jour de la résurrection du Christ, autrement dit  l’anniversaire de l’événement fondateur  du christianisme. C’est le jour le plus important du calendrier, où Noël n’est arrivé que quelques siècles plus tard. Le Pape François, épuisé depuis sa sortie de l’hôpital  a écrit la bénédiction Urbi et Orbi, n’a pas pu la prononcer lui-même, mais  est allé à la rencontre de la foule. Le  lendemain matin, il était mort. J’ai pensé à une étude américaine sur les décès des personnes âgées juives autour de la Pâque. Les jours qui précédaient la fête, les décès étaient plus rares que les jours qui la suivaient, comme si des malades qui tenaient à vivre cet événement en famille lâchaient prise après…

François avait fait jusqu’au bout  son travail de Pape, en accord avec des principes d’une exigence extrême. Ce n’était pas pour rien que le jésuite Bergoglio avait pris un prénom que nul Pape ne s’était avisé de choisir: celui de l’apôtre des pauvres, de l’amour universel envers les créatures, hommes ou bêtes qui peuplent la nature divine et accessoirement le précurseur du dialogue avec l’islam par sa rencontre avec le Sultan d’Egypte au cours de la cinquième croisade. 

Le Pape François a suivi avec une extraordinaire détermination l’exemple de François d’Assise, qui lui-même s’alignait sur le Sermon sur la Montagne tiré de l’Evangile de Mathieu, éloge de la préférence envers les pauvres  et les opprimés.

Ironie du destin,  ce fut un Américain, catholique fervent depuis son récent baptême, aussi strict que lui sur l’avortement et sur la fin de vie, mais opposé quant au reste,  qui fut un de ses derniers interlocuteurs: J.D. Vance, vice-président d’un Donald Trump que François avait vertement critiqué lors de son premier mandat.

Enfin dans l’homélie de cette journée historique, un détail insolite: l’inquiétude  du Pape sur la montée de l’antisémitisme.

Lorsque le cardinal Bergoglio est devenu François, tous les indicateurs étaient au vert dans les communautés juives. J’ai eu l’occasion, après son élection, d’être reçu au sein d’une délégation juive d’Amérique du Sud, surtout des Argentins, et j’ai été frappé par la cordialité de leurs relations. Le discours du Pape était plein d’angoisse. Parlant des chrétiens d’Orient,  il nous prit à témoins: « Parce que vous êtes Juifs, vous, vous pouvez comprendre mieux que les autres que ce


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est président d'honneur du CRIF.

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