Le gouvernement recherche 40 milliards d’euros d’économies pour le budget 2026. Les pistes d’économies sont connues depuis longtemps, seul le courage politique manque, regrette notre chroniqueuse libérale Sophie de Menthon
Il faut arrêter les analyses stratosphériques, les promesses qui n’en sont plus, les bonnes intentions qui ne sont même plus louables et les coups de semonce de tous les partis politiques. Oui ! Il faut simplifier et diminuer le train de vie de l’État dans tous les domaines. Aujourd’hui, rien ne pourra être crédible, aucune fiscalité, aucun prélèvement nouveau sans qu’il y ait concrètement et explicitement annoncée, une économie substantielle et immédiate émanant de l’État. Stop au baratin !
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Là, tout de suite, simplement, prendre des décisions applicables immédiatement avec une énergie politique. Il ne suffit pas que le Premier ministre dise, enfin, que la situation est désastreuse pour s’extasier… Il ne suffit pas non plus que l’on réunisse encore et encore des spécialistes de rien: il faut agir. Le comble étant que le ministre des Finances demande « aux grands patrons d’être patriotes », comme si tout faire pour sauver sa boite n’était pas un patriotisme prioritaire ? Nous demandons, nous, aux politiques d’être eux patriotes, en ne ruinant pas nos entreprises sur lesquelles ils font -mal- vivre la France.
Le changement c’est maintenant
Rien ne semble les convaincre et les faire bouger… pour les aider un peu, voici une ébauche de liste à la Prévert pour bien faire comprendre que le changement, aussi modeste soit-il, commence dans les détails quotidiens. Pas besoin de s’interroger sur l’utilité de certaines dépenses publiques, le bon sens de n’importe lequel d’entre nous répond.
Tiens : la pancarte « presse » par exemple qui identifie les kiosquiers grâce à sa plume rouge depuis les années 1950 sera modifiée en 2025, avec la disparition de la fameuse plume pour « un design plus doux et accessible, avec une déclinaison lumineuse conforme aux réglementations définies par le Code de l’environnement ». L’urgence de la dépense est évidente : plus de 3 millions d’euros. Dans le même genre, une autre priorité de Bercy, cette fois, est d’imposer un nouveau modèle de panonceaux pour les « hébergements classés » : pour comprendre il faut 42 pages de directives à respecter, sous peine d’amende. Des fonctionnaires seront donc mobilisés pour traquer les panneaux non conformes. C’est ce qu’on appelle peut-être l’économie de guerre ? Plus sérieusement, on se pose des questions sur le Haut-Commissariat au Plan (HCP) qui a été instauré pour éclairer les choix publics sur divers enjeux stratégiques. Résultat ? En quatre ans, 18 notes stratégiques, pour un coût de 6,7 millions d’euros (soit 372 000 euros par note). Le Haut-Commissariat au Plan est tellement « haut » qu’il empiète sur les compétences de plusieurs institutions existantes, dont France Stratégie ou le Conseil d’Analyse Économique.
C’est dans l’Aide Publique au Développement (ADP) que la technocratie française trouve son expression la plus pure dans la gabegie. Tantôt sous forme de dons, tantôt sous forme de prêts, la France soutient ainsi chaque année 271 organisations internationales dans 150 pays. Les résultats sont pour le moins surprenants : 100 millions d’euros pour aider les seniors chinois, 250 chameaux pour la Mauritanie, des mixeurs pour des écoles sans électricité en Afrique – du grand art… Le tout reviendrait au minimum à 15 milliards d’euros par an. Notre générosité ne s’arrête pas là, et il convient d’urgence de réduire ou supprimer certaines subventions aux associations ou aux secteurs en difficulté, les subventions des festivals ou des événements non essentiels dans certaines régions par exemple. Nous n’avons plus les moyens de jouer aux mécènes avec l’argent des régions. Pour faire la lumière sur ces finances publiques dilapidées, le ministre délégué chargé de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a eu l’idée lumineuse de créer « une commission d’évaluation de l’aide publique au développement » (Combien de fonctionnaires, s’il vous plait?)
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Et depuis le temps que tout le monde en parle, si nous supprimions enfin le CESE (Conseil Économique, Social et Environnemental) régional et national ? Au niveau national, il coûte chaque année plus de 30 millions d’euros en fonctionnement (rémunérations, frais divers, etc.). Les CESE régionaux font doublon, avec des fonctions qui peuvent en plus être assurées par d’autres instances comme les conseils régionaux ! Certes c’est une façon de payer les syndicalistes qui nous rendent bien cette faveur… Pendant que nous y sommes, on pourrait aussi regarder du côté des cures thermales (qu’on adore, par ailleurs), d’autant que leur remboursement est pris en charge en partie par la Sécurité sociale – cela représente plusieurs dizaines de millions d’euros chaque année. L’État ne pourrait-il pas réduire ces remboursements en les limitant aux pathologies graves ?
Simplification à tous les étages
Moins facile : la réduction de l’administration et la diminution du nombre de fonctionnaires administratifs. Il est vital de fusionner ou supprimer des agences qui gèrent certaines démarches administratives redondantes et génèrent bureaucratie et agents administratifs. Une réforme de l’administration territoriale pourrait aussi permettre de supprimer certaines compétences locales non prioritaires ou de les transférer à d’autres niveaux de l’État (communes, départements, régions). De même, les postes administratifs dédoublés dans les ministères et administrations sont trop nombreux. Surtout, par voie de conséquence, 161 000 départs à la retraite par an pourraient ne pas être renouvelés, en supprimant pour cela les corps et les frontières étanches pour offrir formation et mobilité à ceux qui restent.
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Pour le plaisir de l’exemplarité, la diminution du train de vie de l’État – tellement symbolique – est indispensable ! Réduire les dépenses liées aux voyages officiels de ministres et responsables politiques (en avion, hôtel, voiture de fonction)… Par exemple, la location de jets privés ou l’organisation de réceptions somptueuses pourraient être réévaluées. Il est également impératif de réduire les frais de représentation et de communication des ministères (les événements non essentiels). Non ce n’est pas de la démagogie, même si c’est peu par rapport au montant de la dette. Mais au moment où l’on s’apprête à saigner les Français aux quatre veines, les symboles sont absolument nécessaires. Alors qu’est-ce qu’on attend ? Même pas besoin d’établir des priorités au point où nous en sommes, il faut reformer et supprimer tout ce qui passe au coin du bon sens ! Pas besoin de lois, pas besoin de nouveaux comités, pas besoin de referendum, juste un peu de courage… vous avez dit courage ?
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