Personne ne sait quel type d’humain va découler de l’usage quotidien de l’IA. Ce qui est sûr, c’est qu’en recensant toutes les connaissances, elle propose un savoir prémâché et standardisé qui n’encourage pas à la « gymnastique intellectuelle ». La libre pensée et l’érudition vagabonde seront-elles la chasse gardée des gens « bêtes » ?
Face à l’arrivée de l’IA sur le marché planétaire, il y a ceux qui se préparent ou sont déjà prêts, et ceux qui font mine de résister tout en sachant qu’il leur faudra tôt ou tard en passer eux aussi par là. Car l’avancée irrésistible de l’IA – voyez avec quelle familiarité on en parle déjà ! – pourrait bien être aussi celle des Titans annoncée par Ernst Jünger[1]. Un Titan, vraiment, le très courtois ChatGTP qui vous répond toujours de manière si calme et mesurée ? L’intelligence est chez lui dépassionnée, limpide, et c’est très rassurant d’avoir affaire à un anthropoïde dont le discours paraît nettoyé des miasmes humains. Les ados déjà en raffolent et le consultent pour un oui et pour un non comme s’il était leur ami, leur coach, leur doudou consolateur en cas de gros chagrin. Rien n’oblige après tout à faire un usage intelligent de l’intelligence, artificielle ou pas ! Mais on juge finalement l’arbre à ses fruits et l’IA parviendra peut-être à réaliser ce que l’intelligence naturelle n’a pas accompli : faire reculer la bêtise humaine dont les ravages sont eux aussi titanesques.
L’ancienne culture face à l’intelligence prédigérée
