À la frontière franco-italienne, Vintimille vit depuis les années 2010 au rythme des flux migratoires. Malgré les efforts de la nouvelle municipalité, les violences et dégradations inhérentes à la présence continue d’immigrés clandestins bouleversent la vie locale. À l’approche de l’été, ses habitants redoutent de nouvelles vagues d’arrivants. Reportage
« Dans ce cimetière où reposent nos proches, des migrants allaient uriner et déféquer sur les tombes. » Accoudé à son bureau, Flavio Di Muro ne fait pas dans la dentelle. Élu maire de Vintimille en 2023, il a été porté au pouvoir par une majorité d’habitants excédés par le flux ininterrompu de migrants qui déferle sur la frontière franco-italienne depuis le début de la décennie 2010.
Depuis plusieurs années, Carmela n’était pas revenue sur la tombe de son époux. « Je n’ai jamais pu faire mon deuil », explique la vieille Italienne aux cheveux blancs et aux mains noueuses. La psychose, née des agressions et guets-apens répétés contre les visiteurs, a longtemps empêché les familles de se recueillir sur les sépultures. « Les migrants dormaient sur nos tombes ! Et les ont dépouillées ! Quand j’ai entendu les histoires de vols, de violences… J’ai eu peur et mes enfants me disaient de ne pas prendre de risques. De toute façon ils étaient toujours là, alors, au fur et à mesure, j’ai arrêté de faire le chemin pour y aller… » Aujourd’hui, deux gardes sont postés en permanence devant les grilles du cimetière. Les tombes ont refleuri, les visiteurs ont pu reprendre leurs habitudes, mais pour combien de temps et au prix de quels sacrifices ? Pour Vintimille, plus de dix ans après le début d’une crise migratoire qui a bouleversé l’Europe, le bilan est calamiteux.
Portrait d’une ville assiégée de l’intérieur
Dernière escale de la côte ligure avant la frontière française : la ville de Vintimille. Depuis plus d’une décennie, cette ville-frontière traverse l’une des plus grandes crises migratoires qu’ait jamais connues une municipalité du littoral européen. Située à huit kilomètres de Menton et à 23 de Monaco, la station balnéaire est connue pour ses cigarettes moins chères qu’en France, son alcool vendu à bas prix aux touristes et ses magasins de décoration et de prêt-à-porter destinés à une clientèle plus
